Malgré le décalage grandissant qui existe entre l’offre et la demande de prestations informatiques et la hausse du taux de chômage des informaticiens, les SSII déclarent ne pas constater de dégradation de leur activité.

 

La crise resterait encore virtuelle dans les SSII, à en croire les déclarations rassurantes des premières concernées. Ainsi, Jean Mounet, président du Syntec Informatique, l’instance représentative de la profession, continuait d’affirmer lors de la présentation de ses vœux le 9 janvier, que le premier semestre offrirait une croissance plus faible qu’en 2008 mais toujours positive.

 

Alors que la crise s’installe durablement dans l’économie, notamment dans l’industrie et le luxe, la plupart des dirigeants de SSII que nous avons pu interroger ces derniers jours tiennent le même discours apaisant et assurent ne pas constater de dégradation sensible de leur activité. « A ce stade, nous n’avons pas observé de remontée des intercontrats », soutient Olivier Huart, pdg de BT France.

 

Les syndicats à l’unisson

 

Un discours que ne contredisent pas les instances syndicales qui, sans embellir la situation, admettent qu’elles n’ont pour l’instant pas décelé de signe de ralentissement particulier. « Certes, nous enregistrons en ce début d’année une légèrement remontée des intercontrats, témoigne le responsable syndical d’une grosse SSII. Mais il n’y a rien d’exceptionnel à cela en cette période de l’année où, traditionnellement, beaucoup de contrats sont en attente de prorogation ».

 

Pourtant, les indicateurs de la place de marché Hitechpros, utilisée par 75% des 3.000 SSII françaises, ont de quoi inquiéter. Celle-ci a constaté au cours des dernières semaines un décalage grandissant entre l’offres de prestations informatiques et la demande. Alors que ce rapport était resté stable jusqu’en juillet dernier, il a franchi la barre des trois offres pour une demande au mois de décembre et vient de passer le cap des quatre offres pour une demande. Et la demande est en chute depuis trois mois consécutifs.

 

Une visibilité quasiment nulle

 

Du reste, chacun reconnaît naviguer plus ou moins à vue. Le Syntec souligne ainsi un manque de visibilité persistant au deuxième semestre qui l’empêche toujours de livrer sa prévision de croissance du marché pour l’année. Même la deuxième partie du premier semestre semble pour beaucoup se dérober à la prévision.

 

Pour le Syntec, il n’y aurait toutefois pas lieu de s’alarmer. La chambre professionnelle rappelle que la part d’activité récurrente des SSII est supérieure à 50% alors qu’elle n’était que de 25% il y a dix ans. Le secteur conserverait de surcroît de solides moteurs de croissance grâce à l’externalisation, les évolutions réglementaires, la consolidation d’infrastructures, les fusions…

 

Si le PIB plonge, le secteur plongera

 

« Mais il ne faut pas se leurrer : 2009 sera, à notre avis, une année de récession », prédit Régis Granarolo, président-fondateur du MUNCI (Mouvement pour l’union nationale et collégiale des informaticiens) et vice-président du SPECIS.org, le syndicat représentatif de la branche Syntec à l’UNSA. Et de rappeler qu’au cours des vingt dernières années, le secteur a toujours suivi les évolutions du PIB en les amplifiant.

 

A cet égard, les récents chiffres de la DARES semblent lui donner raison. Alors que le taux de chômage des informaticiens baissait chaque mois, depuis quatre ans, il a recommencé à augmenter depuis novembre. Dans ce contexte, les jeunes diplômés (jusqu’à cinq ans d’expérience) risquent probablement d’être les plus touchés, alors qu’ils étaient jusqu’à présent les moins impactés (moins chers, plus flexibles). Une hausse du chômage qui doit cependant être nuancée selon Régis Granarolo. « La hausse est restée modérée, ce qui montre que le secteur continue à embaucher ».