Nouveau départ pour Scala. Après quatre années difficiles, la société de distribution et de services des Bouche-du-Rhône est parvenue à trouver un repreneur tout en préservant 100% de son effectif et de son management. Cette issue heureuse a pu être trouvée dans le cadre d’une cession prépack, une nouvelle formule de procédure collective qui permet d’accélérer le processus de cession en anticipant les négociations avec les acquéreurs potentiels. C’est donc la société de conseil parisienne Quanteam, 350 collaborateurs pour 37,2 M€ en 2015, qui a eu les faveurs du tribunal au détriment des 4 à 5 autres sociétés qui avaient déposé une marque d’intérêt.

Un choix qui ne manque pas d’interroger tant les deux sociétés semblent de cultures opposées. Quanteam est un pure player de la finance de marché et de la banque, tourné vers une clientèle de grands comptes (sociétés de gestion d’actifs, banques d’investissement, brokers, salles de marché…) en mode régie quand Scala est multisectorielle et adresse plutôt des PME et des ETI régionales sur des projets au forfait. L’une est parisienne avec des implantations internationales (Bruxelles, Londres, New York) quand l’autre a un rayonnement essentiellement régional dans le Sud Est de la France. L’une développe des automates de trading, des outils d’analyse de risque et réalise 50% de son activité en conseil métier (assistance au trading, gestion du risque, veille réglementaire, conseil en organisation…), quand l’autre s’est spécialisé dans la conception et le déploiement de sites Web, d’applications mobiles, de services Cloud et d’outils de business intelligence.

Des dissemblances dans lesquelles Quanteam a vu des complémentarités. « On va lier nos expertises métier aux expertises en développement d’applications mobiles, en gestion de devices, en analyse de données ou dans les objets connectés de Scala pour adresser des projets de digitalisation ou de systèmes connectés, expose Thibaut Angevin, directeur général associé de Quanteam. On prévoit par exemple d’équiper les forces de vente des agences d’une banque en tablettes dotées d’une application leur permettant de proposer des produits structurés en temps réel, ou de mettre au point un système permettant d’analyser le comportement routier des clients d’une compagnie assurance. » Sur le plan géographique, Scala va permettre à Quanteam de se rapprocher de banques et de compagnies d’assurance ayant leur centres de décisions dans le Sud Est de la France et à Monaco. De son côté Scala s’emploiera à déployer son offre sur le bassin parisien.

Quanteam fait le pari qu’en accédant ainsi à des clients de plus grande taille et en élargissant sa couverture géographique, Scala pourra revenir rapidement à une exploitation positive. Si Quanteam reprend l’ensemble des 132 collaborateurs – y compris les dirigeants Benoît Mauran et Robert Bravo, « qui croient au redressement » – Thibaut Angevin ne prévoit pas de conserver l’activité négoce de Scala dans un premier temps. Cette activité, qui pèse environ 20% de ses 12 M€ de chiffre d’affaires, est fortement consommatrice de besoin en fond de roulement, justifie-t-il, la priorité étant à la remise à flot des services. En revanche, Quanteam entend bien capitaliser sur la forte expertise Microsoft de Scala, qui devrait lui « apporter de nouvelles opportunités ».

Après une croissance de 61% en 2014 – la société est classée dans notre top croissance 2015 des sociétés IT les plus dynamiques – et de 28% en 2015, Quanteam vise +18% sur son embarqué en 2016, à 44 M€. En consolidant les sept mois de Scala, la société devrait atteindre 50 M€ sur l’exercice et 60 M€ en 2017.