La SSII nantaise constate que les clients raisonnent de plus en plus en termes d’objectifs plutôt que de ressources. Une évolution que Thierry Congard, le pdg de Proservia, appelle de ses vœux.

Channelnews : Vos comptes semestriels publiés fin octobre n’étaient pas bons. Votre marge opérationnelle est passée de 7,7% à 1,2% et vous affichez une légère perte nette alors que vous étiez largement bénéficiaire en 2008. Quant à votre croissance organique, elle s’est arrêtée net. Pire le chiffre d’affaires recule de 11,1% au troisième trimestre. La faute à la crise ?

Thierry Congard : Comme tout le monde nous subissons la pression sur les prix et les remises arrières sur le chiffre d’affaires facturé. Au point que nous avons dû mettre fin à des contrats dont la rentabilité n’était plus assurée. Mais alors que certains saisissent l’occasion pour licencier, nous avons pris le parti de maintenir autant que possible l’effectif. Quand on investit autant que nous le faisons en formation, il n’est pas question de faire partir les collaborateurs comme ça. Par ailleurs nous avons continué à investir fortement, notamment sur notre activité de télévision interactive WizTiVi. D’où l’impact sur les résultats.

Précisémment, quelles sont les activités qui ont tiré l’activité et au contraire celles qui l’ont plombée ?


Thierry Congard : WizTiVi a pris du retard en termes de résultat commercial. C’est l’activité qui pèse le plus sur la marge opérationnelle (-380 K€). Mais nous allons continuer à la soutenir car notre technologie est en avance et intéresse les grands opérateurs et les constructeurs de télévisions et de box.

Ovialis, notre activité développement (filialisée depuis janvier dernier), a également connu un semestre particulièrement difficile. Les clients ont encore du mal à nous identifier en tant que spécialiste du développement. Pourtant nous avons une expertise indéniable, notamment dans l’encodage MPEG4, spécialité que nous développons depuis 2001, mais aussi dans le développement d’application de gestion pour le secteur bancaire, vers lequel nous rééquilibrons notre activité.

En revanche, notre métier historique, les services de gestion des infrastructures, continue de se développer (hormis au troisième trimestre qui a été impacté par les congés des personnes embauchées en 2008) et de gagner de l’argent. Toutefois, la profitabilité est moindre avec la montée en puissance des prestations forfaitaires. Celles-ci ont enregistré une croissance de 70% en deux ans et pèsent désormais près de 40% du chiffre d’affaires.

Vous voulez parler de l’infogérance ?


Thierry Congard : Oui. Ou de la tierce maintenance applicative, des téléservices… Peu importe. Toujours est-il que ces activités récurrentes forfaitaires sont moins génératrices de marge que l’assistance technique classique. Les coûts de mise en place de ces contrats sont plus importants et les clients ont tendance à vouloir récupérer sur les prix la visibilité supplémentaire qu’ils nous offrent. Mais je ne m’en plains pas. Cela permet de mieux maîtriser l’évolution du chiffre d’affaires et de réaliser des gains de productivité. C’est surtout le sens du marché. À mon avis, ceux qui ne prennent pas ce virage aujourd’hui ne tiendront pas sur la durée.

Vous restez pessimiste pour 2010. Ne ressentez-vous donc pas une esquisse de reprise ?


Thierry Congard : Non. Il n’y a pas plus de projets qu’au début de l’année. Certes, les clients sont moins pessimistes mais les budgets restent serrés. Je ne vois aucune raison pour que les tarifs remontent ou que les clients ne demandent plus de remise arrières. Néanmoins, le chiffre d’affaires 2009 ne sera pas catastrophique et nous conservons une excellente trésorerie. À ce titre, nous comptons continuer à investir, notamment dans notre centre de services de Niort. Ce centre, qui emploie actuellement une quarantaine de personnes (mais qui peut en accueillir plus), nous a permis de gagner de nouveaux clients et surtout de ne pas en perdre en proposant une offre mutualisée. Les clients apprécient que l’on associe prestations d’infogérance sur site et téléservices.

Dans ces conditions, comment évoluent vos effectifs ?


Thierry Congard : Ils ont légèrement décliné au cours du premier semestre mais ils remontent depuis septembre. Ainsi, au premier janvier, nous étions 771 et nous sommes à ce jour 782.