Résultats 2010, prévisions pour 2011, salaires, recrutements, croissance externe, pression sur les prix : Jean-Maurice Fritsch, coprésident du directoire d’Osiatis a bien voulu répondre à nos questions.

Channelnews : Quel bilan tirez-vous de l’exercice 2010 .

Jean-Maurice Fristch : L’année 2010 est une bonne année. En 2009, malgré une baisse d’activité nous avions bien résisté. En 2010, nous étions donc repartis avec un effet de base qui n’avait pas beaucoup régressé. Cependant, dès le premier trimestre nous avons connu une légère augmentation. Ensuite, cela a grimpé petit à petit. Nous avons donc terminé l’année avec une croissance du chiffre d’affaires de 4,6%, dont une bonne partie provenait de la croissance externe.

Au mois d’août nous avons racheté l’activité gestion d’infrastructures Ile-de-France d’Astek, ce qui nous a permis de nous renforcer chez les clients et de gagner de gros contrats chez des clients communs.

La marge a progressé de 6,8%, contre 5,5% l’année précédente grâce à l’amélioration du taux d’activité. Le début d’année fut difficile mais 2010 s’est terminé avec un taux d’activité élevé. Il y a eu également un effet de volume, dû à la croissance externe, qui nous a permis d’absorber les coûts de structure.

Nous avons également bénéficié en 2010 d’une amélioration des prix. La baisse avait notamment été provoquée par nos compétiteurs qui essayaient ainsi de freiner leur décroissance. Aujourd’hui, on discute encore âprement les prix, cependant nous ne sommes plus en période de guerre. On assiste d’ailleurs à une augmentation des tarifs de l’ordre de 1 à 2%. On constate que les clients essayent de proroger leurs contrats aux conditions de 2010, ce qui prouve la pression à la hausse sur les prix.

Nous avons enfin bénéficié du transfert de la taxe professionnelle, devenu contribution économique territoriale, sur la ligne d’impôts.

Enfin, dernier élément un peu marquant, nous avons constaté une reprise de la croissance en France, qui représente 85% du chiffre d’affaires. En revanche, l’international a marqué le pas et a même été en décroissance au cours du quatrième trimestre, sans que cela ait pour autant un impact négatif sur nos résultats.

Comment s’annonce 2011 ?

Jean-Maurice Fristch : Le premier trimestre est déjà dans la boîte. Nous n’avons pas encore les résultats. Cela dit, contrairement à 2010, nous n’avons pas connu un démarrage difficile. L’activité est restée sensiblement au même niveau qu’au quatrième trimestre. Il n’y a pas eu de trou d’air. Sur le deuxième trimestre nous devrions rester sur un trends de croissance significatif.

Il n’y a pas de doute, la croissance sera là cette année, bien qu’il soit difficile de positionner le curseur. Cela dépendra du quatrième trimestre.

Je suis d’autant plus confiant que le business ne vas pas s’écrouler. Les budgets de fonctionnement vont continuer à tourner. On constate toutefois que les clients sont très prudents et lâchent l’affaire au dernier moment. On voit ainsi des projets ayant démarré au cours de l’été 2009 qui se débloquent aujourd’hui. Pas d’euphorie donc.

Arès vous a échappé. Envisagez-vous de nouvelles opérations de croissance externe ?

Jean-Maurice Fristch : En février nous avons fait l’acquisition d’Alcion. Nous sommes clairement positionné à l’achat. Cela dit, il n’y a pas énormément de choses intéressantes sur le marché. Nous voyons en ce moment passer des dossiers de petite taille à 8,10 ou 15 millions d’euros. Arès représentait selon moi un investissement de 25 millions. C’était un dossier intéressant. En revanche, Team Partners était un dossier trop compliqué.

Probablement que les sociétés plus importantes qui ont bien passé la période de crise ne sont pas sur le marché, ce qui n’est pas le cas des petites qui ont souffert pendant la période 2008-2009 avant de se rétablir en 2010. Ces dernières appréhendent de se retrouver dans une situation similaire, ce qui les pousse à se mettre sur le marché. Il y a aussi celles qui sont présentes chez des clients mais qui craignent que leur petite taille ne soit considéré comme un risque de fragilité par ces mêmes clients.

Nous serions plus intéressés par des opérations plus importantes.

Nous nous tournons aujourd’hui vers l’international, vers des zones à fort potentiel de croissance. Nous essayons d’y trouver des sociétés elles aussi à fort potentiel de croissance souhaitant s’appuyer sur un groupe plus important. Nous pensons que le poids de l’international augmentera significativement à terme.

Quel est le climat social chez Osiatis alors que la reprise économique se traduit un peu partout par des revendications salariales ?

Jean-Maurice Fristch : Le climat social est bon. La modération salariale est généralisée à cause des baisses de prix subies pendant la crise. Nous devons nous appliquer à une certaine rigueur de gestion. Cela ne nous empêche pas de faire bouger nos collaborateurs afin de les faire progresser en compétence et en salaire.

Nous avons embauché 560 personnes en 2010 et nous prévoyons d’en recruter 800 en 2011. Nous recrutons des jeunes afin de maintenir nos salaires dans une moyenne compétitive. C’est plus facile à faire pendant les phases d’embauche forte.

Où en est le turnover ? Trouvez-vous facilement les profils dont vous avez besoin ?

Jean-Maurice Fristch : Le turnover est faiblement à la hausse. Il était à 10% en scratch. Aujourd’hui il tourne autour de 11, 11,5%. Au plus bas de la crise nous étions aux alentours de 5%.

On constate une pénurie sur certains profils. Probablement que les jeunes se sont orientés vers autre chose que l’informatique. Le passage est difficile, cependant la demande va provoquer des corrections.

D’autres projets pour 2011 ?

Jean-Maurice Fristch : Nous communiquons pas mal sur le lancement de notre offre cloud qui permet au client d’accéder à une plateforme privatisée. C’est un bon atout en terme d’image, toutefois l’apport en business est relativement faible. Tout le monde se pose la question du cloud, cependant ils ne sont pas nombreux à acheter des services.

En revanche, les études sur la virtualisation, la modification de l’architecture se vendent bien. Je pense que la virtualisation passe sous l’étiquette cloud. Les gens se posent des questions. Ils souhaitent que leur système d’information soit compatible, du moins en partie, avec le cloud pour permettre la collaboration et le nomadisme client.