Lors du rachat d’Alcatel-Lucent l’an dernier, Nokia prenait un certain nombre d’engagements. Le Finlandais promettait de développer les centres R&D de l’Hexagone (Nosay/Villarceaux dans l’Essonne et Lannion dans les Côtes-d’Armor), qui bénéficieraient de 500 postes supplémentaires, passant ainsi de 2.000 à 2.500 personnes  » afin de profiter des excellents nouveaux talents techniques sortants des universités françaises «  ainsi que l’indiquait un communiqué publié à cette occasion. Nokia s’engageait par ailleurs à préserver le niveau de l’emploi pour une durée de deux ans. Malgré ces engagements, les syndicats français d’Alcatel-Lucent se montraient inquiets, redoutant que les créations d’emplois annoncées aient pour contrepartie des suppressions de postes au sein des fonctions administratives et commerciales, cela afin de respecter le plan de réduction des coûts opérationnels annoncé en parallèle. Ils avaient vu juste.

Un communiqué provenant d’Espoo, – où se prennent dorénavant toutes les décisions – daté du 6 avril, indique que les 900 millions d’euros d’économies prévues, relatives à l’acquisition de l’équipementier franco-américain ainsi qu’à « l’adaptation aux conditions de marché difficiles et au transfert des ressources vers les technologies orientées vers le futur telles que la 5G, le cloud et l’internet des objets » nécessite des changements. Le document précise que les réductions d’emplois prendront effet immédiatement pour se terminer fin 2018. Elles concernent essentiellement des domaines où existent des doubles emplois, notamment la R&D, les directions régionales, les équipes commerciales et les fonctions administratives.

Les 500 créations de postes dans l’Hexagone ont donc bel et bien leur contrepartie. Un document de la CFE-CGC donne le détail de ces mesures. Il est prévu 411 suppressions de postes sur base du volontariat, essentiellement dans les fonctions administratives et les services généraux. Cela inclut 12 suppressions chez Bell Labs et 26 chez Nokia France (Asnières). En revanche, 337 nouveaux postes seront créés en 2016 et 2017, dont 65 dans la division Applications & Analytics, 66 chez Bell Labs, et 200 dans les autres unités de R&D. La R&D du groupe passera à 2.500 personnes d’ici 4 ans « même si des suppressions sont envisagées entretemps ». Les salariés d’Ile-de-France seront regroupés sur le site de Nozay, les sites d’Asnières-sur-Seine (92) et Boulogne-Billancourt (92) seraient fermés. Enfin, toutes les personnes concernées par l’arrêt des lignes de produits Alcatel-Lucent de la division Mobile Network, soit 1.300 salariés, seront réaffectées d’ici la fin de l’année 2017 sur les activités 5G, IoT et LTE Nokia, après formation.

« En première analyse, ces annonces correspondent aux engagements de Nokia, en particulier : maintenir les effectifs en France à hauteur de 4.200 salariés jusqu’à fin 2017 (hors RFS et ASN). augmenter significativement et durablement les effectifs de R&D en France (en passant de 2000 à 2.500 personnes), développer en France la 5G, les plateformes IP, la cyber-sécurité, les Small Cells, les laboratoires de recherche Bell Labs, Wireless Transmission… », estime le syndicat qui demande le respect des autres promesses de l’équipementier finlandais, à savoir le renforcement des activités à long terme sur les deux sites technologiques de Nozay et de Lannion, ainsi que la recherche de solutions durables pour les salariés français impactés.