La société de services informatiques spécialisée dans les infrastructures continue d’afficher une croissance et des résultats insolents. Son pdg, Luc de Chammard, nous livre quelques-uns de ses secrets industriels.
Channelnews : À l’issue de l’exercice 2010, votre groupe se distingue une fois de plus par le niveau élevé de sa croissance organique et de sa rentabilité. Le chiffre d’affaires est ainsi en augmentation de 10,3% à périmètre comparable (+10,7% au global) à 239,6 M€ et le résultat opérationnel se hisse à 24,5 M€, soit 10,2% des revenus. Ce qui vous classe encore une fois parmi les sociétés les plus performantes de votre secteur. L’exploit mérite d’autant plus d’être salué que vous aviez déjà accompli une croissance de près de 15% sur l’exercice précédent, en pleine crise, et ce avec une rentabilité comparable.
Quel est le secret de votre réussite et comment se fait-il que vous n’ayez apparemment pas souffert de la crise ?
Luc de Chammard : Il y a plusieurs facteurs. D’abord, la forte proportion des activités récurrentes (l’infogérance) et au forfait. L’assistance technique ne représente qu’un tiers du chiffre d’affaires. Ensuite notre organisation décentralisée. Le groupe est constitué de multiples sociétés spécialisées aux métiers complémentaires pilotées par des dirigeants (17) associés au capital de leur société et de la maison mère (Neurones SA). Notre taille moyenne joue également. Le groupe ne représente qu’un pour cent du marché des services IT. Un petit bateau comparé aux paquebots du secteur. La vague de la crise nous est arrivée décalée et atténuée. Et l’énergie vitale de nos dirigeants a été plus forte que le remous.
Pour en revenir à l’exercice 2010, quelle a été la dynamique de vos différentes activités ?
Luc de Chammard : Les services d’infrastructures (systèmes et réseaux, service desk, production, gestion du poste de travail, hébergement, sécurité, gestion de parc…), qui représentent 73% du chiffre d’affaires, ont progressé de près de 12%. Les applications (20% du CA) de 15,8%. Le bémol est venu du conseil (7% du CA), qui a un peu moins marché en 2010 qu’en 2009 à contrario de la plupart des concurrents. Tout comme l’effet du ralentissement est arrivé avec un décalage de six à neuf mois, celui de la reprise sera probablement différé. Un effet retard qui a été masqué sur les autres activités grâce l’élan conservé de la forte croissance organique des exercices précédents.
La marge peut-elle encore augmenter ?
Luc de Chammard : Ce sera difficile dans la mesure où nous venons de réaliser notre troisième meilleur niveau de marge en dix ans et que nous ne sommes qu’à 0,7 points de notre record mais on s’emploie à la consolider.
Comment s’explique la croissance plus rapide de l’effectif (+13,7%) que du chiffre d’affaires (+10,7%) ?
Luc de Chammard : C’est le résultat de l’accélération de la croissance au deuxième semestre qui fait que l’on se retrouve avec un chiffre d’affaires embarqué important. La croissance organique s’est ainsi établie à 15,7% au troisième trimestre et à 12,7% au quatrième trimestre contre 4,8% et 9,7% au premier et deuxième trimestre.
Ce qui laisse entrevoir une forte croissance au premier trimestre 2011. Quelles sont vos perspectives sur l’exercice en cours ?
Luc de Chammard : Nous attendrons les résultats du premier trimestre en mai pour communiquer dessus.
Quelles sont vos prévisions de recrutement et de turnover en 2011 ?
Luc de Chammard : On table sur 1100 embauches, comme en 2010. On s’attend à une remontée du turnover de 12,5% actuellement à 14-15%.
Ressentez-vous vous aussi des tensions sur le recrutement, voire sur les salaires ?
Luc de Chammard : Ces tensions existaient déjà en 2010. Le recrutement est difficile et ce quelque soit les profils : cela concerne aussi bien les architectes, les ingénieurs, les chefs de projets que les techniciens service desk. Quant à une éventuelle surenchère sur les salaires, il est encore trop tôt pour se prononcer.
Quelles sont les compétences et les expertises dont vous avez le plus besoin actuellement ?
Luc de Chammard : Dans le domaine des infrastructures, on sollicite beaucoup les architectes pour l’intégration des technologies de virtualisation, les chefs de projets notamment sur les migrations Windows 7 et les experts en solutions de mobilité dans le cadre de l’adaptation des applicatifs aux terminaux mobiles. Dans le domaine des applications, on recrute toujours beaucoup de spécialistes SAP, BI, Java et .Net.
Quelles sont les alternatives dont vous disposez pour pallier la pénurie ?
Luc de Chammard : Pour les profils les plus pointus, pas grand chose. La finance continue de capter une bonne partie des ingénieurs grandes écoles. Pour les autres, nous avons notre propre école de formation. Nous recrutons des jeunes bac +2 de formation scientifique que nous formons trois mois à nos frais. Il y a aussi l’alternance mais, d’une manière générale, ces formules de substitution restent insuffisantes. C’est malheureux dans un pays qui affiche trois millions de chômeurs. Il faudra bien que les pouvoirs publics finissent par augmenter les crédit des centres de reconversion.
Envisagez-vous des opérations de croissance externe ?
Luc de Chammard : Avec une trésorerie de près de 70 M€ nette de dette, on dispose d’une véritable puissance de frappe pour, non pas des acquisitions, mais des rapprochements avec des sociétés rentables, dont les métiers sont complémentaires des nôtres et qui sont pilotées par des entrepreneurs avec lesquels nous pouvons avoir de fortes connivences. Nous leur offrons des opportunités en termes de référencement grand comptes et de capilarité clients (plus de 1.600). Vingt-cinq pour cent du chiffre d’affaires des sociétés qui nous rejoignent leur est apporté par les autres entités du groupe. Outre compléter les métier sur lesquels nous sommes déjà, nous cherchons par exemple à nous positionner sur l’informatique scientifique et technique, le test et la tierce maintenance applicative.