Empêtré dans une affaire de carrousel à la TVA et affaibli par un litige avec HP, le revendeur des Yvelines a été contraint de se placer en redressement judiciaire. Ses perspectives de survie à moyen terme sont faibles.


La société de distribution et de services informatiques a dû se mettre sous la protection d’un mandataire judiciaire le 1er décembre à la suite de sa mise en recouvrement par l’administration fiscale qui lui réclame 14 millions d’euros. Un montant qui correspond au préjudice total subi par le Fisc dans une affaire de carrousel à la TVA portant sur des produits multimédia et dont Infolution a été un des maillons de la chaîne de facturation.

Un maillon involontaire, jure Alain Andrieux président d’Infolution qui explique n’avoir jamais été en relation directe avec le principal bénéficiaire de la fraude, la société Geha. Selon lui, Infolution passait par un intermédiaire dont il s’était assuré qu’il était en règle tant sur le plan social que fiscal et qu’il achetait lui-même en TTC.

Le fournisseur indélicat ayant disparu de la circulation et la remise en cause du droit d’Infolution à déduction de TVA étant impossible (l’existence des marchandises est incontestable et les papiers en règle), l’administration fiscale a donc mis en œuvre la procédure de solidarité de paiements à l’encontre des acquéreurs. Une procédure qu’elle utilise depuis quelques années en dernier recours et qui consiste à récupérer les fonds dus auprès des acquéreurs des produits ayant servi à constituer la fraude.

Si cette mise en recouvrement a précipité les choses, elle n’est pas la cause unique des ennuis d’Infolution. En effet, la société a eu à gérer en parallèle un important litige avec HP qui lui a refusé le versement de 3,9 M€ de claims (remboursements) prévus dans le cadre de gros marchés portant sur la fourniture de consommables au motif que la filiale française du constructeur s’est finalement aperçu qu’elle ne pouvait pas constater les revenus de ces marchés.

Un litige pourtant en cours de règlement suite à la signature d’un protocole d’accord mais qui a eu un effet dévastateur sur une trésorerie déjà amputée des 3,7 M€ de remboursements de TVA cumulés que le Fisc bloque depuis plus d’un an. Au vu de la situation, les assureurs-crédit ont pris la décision de supprimer tous leurs encours début novembre précipitant la société dans la spirale de la décroissance.

Faute de trésorerie, le chiffre d’affaires, qui avait atteint 109 M€ sur l’exercice clos fin juin, s’est rapidement effondré. L’effectif a commencé à fondre passant d’une soixantaine de collaborateurs à une quarantaine actuellement. Et il faudra vraisemblablement aller beaucoup plus loin dans la réduction des coûts pour assurer la pérennité de l’entreprise dans l’hypothèse d’une continuation d’activité. Dans le meilleur des cas, Alain Andrieux estime que plus de 50% de l’effectif pourrait à terme devoir partir.

Non que le combat soit perdu d’avance sur le plan juridique. Bien au contraire. L’administration fiscale devra prouver qu’Infolution ne pouvait ignorer participer à une fraude. Elle devra également justifier du montant réclamé au titre du préjudice. Estimant là qu’il y avait manifestement disproportion entre la somme réclamée (14 M€) et le montant total de TVA qui lui est imputable dans cette affaire (6 M€), Infolution vient de contre-attaquer en portant plainte devant le procureur pour concussion à l’encontre des fonctionnaires à l’origine de la mise en recouvrement.

Mais Alain Andrieux sait que la procédure sera longue et que toute relance de l’activité sera vaine tant que la justice n’aura pas rendu son verdict définitif. In fine, cette affaire marquera probablement la fin d’une des belles success story de la distribution informatique, qui avait vu cette société créée en 1997 se hisser dans le top 20 de son secteur.