L’hécatombe continue parmi les intégrateurs d’infrastructures. Même si des querelles internes semblent être la cause première de cette défaillance, elle intervient dans un contexte de mutation extrème du marché.


Encore un intégrateur spécialisé dans les infrastructures qui disparaît. Partenaire historique de Sun Microsystems et de HP, l’entreprise des Yvelines a cessé son activité le 31 octobre dernier, mettant 19 salariés au chômage. Une liquidation intervenue moins de trois mois après sa mise en redressement judiciaire et alors que la société venait de fusionner avec sa consœur lyonnaise Cleword.

Certes, Ibex éprouvait des problèmes de rentabilité depuis des années. La société avait ainsi comptabilisé une perte de plus de 1,2 M€ sur son seul exercice 2011 (dernier connu) pour un chiffre d’affaires de 3,1 M€.

Mais il semble que cela ne soit pas la cause première de sa disparition dans la mesure où elle venait juste de procéder à une recapitalisation et qu’elle avait remporté plusieurs gros appels d’offres (dont celui du Stif en partenariat avec HP pour la fourniture de serveurs et d’équipements de stockage).

Selon son président, Alain Izadi, la société détenait pour environ 3 M€ d’activité en portefeuille au moment de sa défaillance. D’ailleurs, la société n’a laissé, selon nos informations, ni dette fournisseurs, ni dette sociale.

La cause du décès de la société est plutôt à chercher dans la situation de blocage née du conflit portant sur la stratégie de la société qui a opposé le PDG à certains de ses cadres. Le PDG n’hésite pas à accuser ses cadres commerciaux de s’être au minimum désinvestis, au pire d’avoir projeté de détourner la clientèle et l’activité de la société. « Nous nous sommes retrouvés dans le même cas de figure qu’Overlap au moment du dépôt de bilan, avec certains cadres commerciaux extrèmement bien payés, ne rapportant plus rien à l’entreprise et impossibles à licencier », déplore-t-il.

Ceux-ci pointent de leur côté la décision du PDG de remettre en question le partenariat historique avec HP au profit de Dell (ce que conteste l’intéressé) et de recentrer la stratégique sur l’activité historique au détriment du virage vers l’infogérance décidé par la direction opérationnelle.

Reste qu’au-delà des querelles personnelles, la société a, selon toute probabilité, rencontré des difficultés à s’adapter aux mutations du marché des infrastructures IT. Alain Izadi le reconnaît, la société restait structurellement déficitaire malgré les 4 M€ investis en capital au cours de ses douze années d’existence et malgré ses multiples tentatives de faire évoluer son modèle vers le Cloud et l’infogérance.