En tant que PDG de Keyrus, premier intégrateur français à avoir cru dans le potentiel de Netezza, Eric Cohen a accepté de commenter pour nous le rachat de ce dernier par IBM, annoncé en début de semaine.

 

Channelnews : Vous êtes le partenaire historique de Netezza en France. Quelle analyse faite-vous de son rachat par IBM ?


Eric Cohen : C’est un beau coup pour IBM ! L’idée d’IBM, qui a multiplié les rachats dans la gestion de données avec Cognos et encore dernièrement Unica, c’est de proposer des solutions clés en mains combinant la brique analytique (Unica), la gestion de données (Netezza) et les services. Néanmoins, on ne voit pas encore arriver d’offre packagée globale. Toutes ces acquisitions vont être longues à intégrer. On ne sait d’ailleurs pas si le rachat de Netezza est offensif ou défensif. IBM continue d’avoir de nombreux concurrents sur ce marché, à commencer par Teradata mais aussi Oracle Exadata ou GreenPlum, racheté avant l’été par EMC.

Quelles seraient les conséquences pour vous si IBM décidait de ne pas reconduire les partenariats existants. Avez-vous une alternative ?


Eric Cohen : Nous ne travaillons pas de manière exclusive avec Netezza. Le référencement de cette offre dès les années 2006-2007 nous avait permis de conforter notre image d’acteur innovant. En réalité, nous intervenons en amont sur le choix des plates-formes et en ce sens nous sommes ouverts à toutes les offres. Sans avoir de partenariat formalisé, nous sommes ainsi amenés à intervenir sur des plates-formes Teradata. Du reste, Netezza n’a pas encore une grande présence en France. Teradata reste l’acteur dominant. Le challenge d’IBM va d’être de contester cette domination. Ils ont auront pour cela un atout maître : accéder plus facilement aux décideurs en entreprise  via une approche à la fois infrastructures et métier là où Netezza seul ne se positionnait principalement que sur l’approche métier.

Vous aviez lancé Netezza en France mais aussi Qlikview avant que cet acteur n’ait la notoriété qu’il a aujourd’hui. Quels sont vos partenaires montants du moment ?


Eric Cohen : Nous travaillons bien avec des acteurs tels qu’Exalead et Endeca dans le cadre de projets mariant la BI et les moteurs de recherche. Un marché en plein développement actuellement. Autre marché montant : la qualité des données.

Comment se porte le Groupe Keyrus et quels sont chantiers du moment ?


Eric Cohen : Après avoir mis en œuvre une stratégie de croissance externe qui nous a permis d’atteindre la taille critique en 2007 en dépassant les 100 M€, nous avons consacré les exercices 2008 et 2009 à digérer nos acquisitions et à orienter notre modèle par marchés et non plus exclusivement par technologies. Nous avons aussi beaucoup investi dans le conseil, qui représente aujourd’hui plus de 20% de nos revenus avec environ 150 collaborateurs sur 1400. Nous rencontrons également nos premiers succès dans le secteur public d’où nous étions quasiment absents il y a deux ans. Nous venons ainsi de remporter de beaux projets dans le secteur de la santé et des collectivités territoriales. Nous progressons également dans le secteur de l’énergie et des services… Moyennant quoi nous avons annoncé 11% de croissance organique sur notre premier semestre 2010 à 58,8 M€.