En mettant la main sur Top Info, Computacenter s’offre une pépite. Mais celle-ci ne prendra tout son éclat qu’une fois intégrée dans l’écrin du groupe qui va lui offrir de nouveaux relais de développement.

 

Malgré son prix relativement conséquent, l’acquisition de Top Info apparaît d’ores et déjà comme une excellente affaire et fortement créatrice de valeur pour la filiale française de Computacenter. Le revendeur grands comptes devrait ainsi contribuer à garantir la profitabilité qui lui a fait défaut au cours de la décennie écoulée et avec laquelle il vient à peine de renouer. Top Info est en effet un modèle rentabilité : en 23 ans d’existence, la société a toujours été bénéficiaire y compris durant les trois crises majeures qu’elle a traversées. Ce qui est peu commun dans le secteur et s’explique probablement par la grande fidélité de ses clients.

Top Info lui apporte également un important gisement de croissance dans les services, notamment dans la maintenance, l’infogérance, les télé-services, la gestion de projets et le consulting… Autant de services qui étaient jusque là peu ou prou absents du portfolio de Top Info.  Certes, ce dernier propose un certain nombre de prestations d’intégration et d’installation ainsi qu’un peu d’assistance technique mais, avec seulement 9% de ses revenus, son activité services est nettement moins développée que celle de Computacenter, pour qui elle pèse 17% du chiffre d’affaires. Le potentiel est d’autant plus important que les deux sociétés soulignent n’avoir que très peu de clients en commun.

 

Dans la corbeille de Top Info : le contrat HP direct

Autre grand bénéfice de ce rapprochement : le contrat direct HP que Computacenter n’avait pas. Et une forte activité consommables. A l’inverse, Top Info devrait capitaliser sur les agréments constructeurs de Computacenter (notamment Microsoft, IBM, EMC…) qui lui manquaient et d’une manière générale sur les produits d’infrastructures.

Pour Top Info, cette opération va surtout permettre de pérenniser la société à l’heure où les fondateurs Catherine et Guy Weinberg, respectivement pdg et dg, songeaient à passer la main. Si Guy Weinberg espère continuer à exercer ses fonctions encore quelques années, sa femme devrait rapidement prendre ses distances. Un rachat qui arrive donc à point, d’autant qu’implantée à Lille, Lyon et Nantes, la société est peu déployée en régions (où elle compte une quinzaine de personnes) et que son activité services aurait nécessité tôt ou tard des investissements importants pour atteindre la taille critique.

 

Une consolidation industrielle

Un adossement était donc souhaitable et apparemment souhaité de longue date, comme le laisse entendre Guy Weinberg. Celui-ci se réjouit d’ailleurs d’avoir trouvé en Computacenter « une véritable solution industrielle et non pas financière ». Il craignait qu’un rachat par un fonds d’investissement n’eusse que peu d’avenir. Ce faisant, Computacenter envoie selon lui un signal fort au marché : « C’est la première fois depuis des années qu’un acteur investit autant sur une société de distribution IT. Cela prouve que l’acquéreur croit à la distribution et à la perspective de vendre plus de services de cette manière ».

Conscient de la valeur de son acquisition, Computacenter prévoit d’emblée de prendre son temps pour accomplir au mieux son intégration. Le processus devrait ainsi durer au moins 18 mois. Une période durant laquelle, les deux sociétés continueront de coexister séparément. La fusion devrait démarrer dès la fin mars, après validation de la transaction par l’autorité de concurrence, par un rapprochement managérial. « On va apprendre à travailler ensemble », résume Henri Viard, pdg de Computacenter France. Une étape qui ne devrait pas poser trop de problèmes, les deux parties estimant partager les « mêmes valeurs de loyauté, de respect mutuel et de satisfaction des clients ».

 

Un logistique commune dès le troisième trimestre

Le processus devrait se poursuivre dans le courant du troisième trimestre par la mise en commun de leur logistique respective. Computacenter devrait vraisemblablement rapatrier la logistique de Top Info sur ses deux sites existants de Roissy et Garonor. Au passage, Top Info devrait définitivement libérer ses locaux actuels fin octobre, ces derniers n’étant pas repris par l’acquéreur. Néanmoins, Computacenter prévoit de maintenir une présence dans l’Est parisien et recherche donc de nouveaux locaux à cet effet.

Enfin, l’intégration devrait s’achever mi-2012 par la migration de leur système d’information respectif vers SAP. Computacenter avait déjà engagé ce projet de migration au niveau du groupe. L’Allemagne vient de basculer vers le nouveau système et la Grande Bretagne l’adoptera cet été. Top Info se calquera donc sur le calendrier préalablement établi pour Computacenter France.

Quant à savoir si Computacenter étudie déjà d’autres dossiers de croissance externe, Henri Viard répond que sa priorité immédiate va être de démontrer sa capacité d’intégration. Mais il admet que sa porte n’est fermée à aucune discussion, estimant qu’il « serait stupide de laisser passer une belle opportunité ». Et de prédire encore cinq années de consolidation dans le secteur de la distribution IT avec pas moins d’une dizaine de rachats d’envergure.