Au lendemain de la confirmation de négociations de mariage entre Nokia et Alcatel-Lucent, Nokia a présenté une offre valorisant le groupe franco-canadien 15,6 milliards d’euros. Soit une prime de 34% par rapport à la valeur des actions ces derniers jours.

Les modalités du rapprochement ont d’ores et déjà été validées par les conseils d’administration des deux groupes. Une offre publique d’échange sera lancée au premier semestre 2016. Pour chaque action Alcatel-Lucent apportée, les actionnaires recevront 0,55 action Nokia, ce qui leur confèrera 33,5% du capital du nouveau groupe à l’issue de la transaction.

Un rachat pur et simple

Le siège social sera situé à Helsinki et le nom Alcatel-Lucent disparaîtra au profit de celui de Nokia. Ce sont les deux dirigeants actuels de Nokia, Risto Siilasmaa et Rajeev Suri, qui assureront la présidence et la direction générale. Seuls trois membres du conseil d’administration sur neuf ou dix viendront d’Alcatel-Lucent.

Le rapprochement devrait générer 900 millions d’économies par an à partir de 2019, plus 200 millions de baisse des frais financiers d’ici à 2017 grâce au remboursement anticipé de d’obligations convertibles via leur conversion en capital. Pour rappel, le nouvel ensemble devrait peser 26 milliards de chiffre d’affaires et figurer dans le trio de tête mondial des équipementiers.

La France futur centre de pilotage de la R&D du groupe

Nokia s’est engagé à maintenir les emplois en France pour une durée d’au moins deux ans. Du moins au niveau de ce qu’il sera à l’issue du plan Shift (qui prévoit 10.000 suppressions d’emploi dans le monde dont 595 en France). Alcatel-Lucent représente actuellement 5.000 emplois en France (hors câbles sous-marins).

Il est prévu de faire de la France un centre de pilotage mondial de sa R&D, avec la création d’un centre d’excellence dans la 5G, les smart cells, les plateformes de gestion des réseaux IP et les faisceaux hertziens, d’un laboratoire dans la cybersécurité et d’un fonds d’investissement de 100 millions d’euros pour le financement de startups. Nokia envisage même d’étendre l’emploi en R&D avec la création de 500 de postes additionnels (soit +25%) et de maintenir ce niveau d’effectif au moins quatre ans. Et les fonctions service avant et après-vente devraient être maintenues.

Les syndicats suspicieux

Malgré les engagements, les syndicats français d’Alcatel-Lucent restent inquiets. Notamment pour les fonctions administratives et commerciales. Ils craignent que les réductions de coûts annoncées se fassent au détriment de l’emploi notamment dans les forces de vente, les fonctions centrales, le support, la logistique et les activités sans fil.