Augmentation du chômage des informaticiens, reprise des embauches dans certaines SSII et à l’étranger : les nouvelles se télescopent et nous laissent perplexes. Essayons d’y voir un peu plus clair.

 

A quelques jours d’intervalle, l’APEC et la Dares ont publié leurs statistiques concernant l’emploi. Et le moins que l’on puisse dire est qu’elles ne sont pas brillantes pour les informaticiens. L’agence pour l’emploi des cadres fait état d’un reflux des recrutements dans le secteur de près de 38%. De son côté, la direction des études du Ministère du Travail révèle que fin septembre, il y avait 28.900 informaticiens chômeurs, soit 1.000 de plus qu’au mois d’août et 9.300 de plus qu’il y a un an.

La question que l’on est en droit de se poser est donc : la reprise est-elle au coin de la rue ? En entendant le premier ministre François Fillon annoncer que les licenciements – tous secteurs confondus il est vrai – se poursuivront en France, on peut craindre que non. Si l’on ajoute à cela l’augmentation des défaillances constatées par Altares dans le secteur informatique, notamment chez les éditeurs et dans les SSII (209 procédures au cours du 3ème trimestre), on a quelque difficulté à rester optimiste.

Pourtant, aux États-Unis, les statistiques du chômage font état d’une reprise dans tous les secteurs de 13%, cette dernière étant particulièrement significative dans l’informatique et les NTIC en général. En Inde, Infosys recrute 20.000 personnes, soit 2.000 de plus que prévu initialement, pour préparer une reprise qu’on assure imminente. Toujours sur le sous-continent indien, TCS va comptabiliser 8.000 feuilles de paie supplémentaires d’ici la fin de l’année. Enfin, après avoir licencié 600 collaborateurs indiens au mois de mai, Capgemini a repris ses recrutements et compte désormais plus de salariés là-bas que dans l’Hexagone.


Des secteurs qui recrutent


La France serait donc en dehors de courants de reprise constatés à l’étranger ? Pas totalement. Ainsi certains donneurs d’ordre, notamment l’administration et la banque, n’ont pas complètement abandonné leurs projets informatiques, permettant ainsi aux SSII de résister avec plus ou moins de succès. Et la tendance ne devrait pas s’inverser pour 2010, ce qui pourrait se traduire par une légère reprise des recrutements. De son côté, l’industrie relance les appels d’offres informatiques.

Enfin, certains domaines comme la sécurité, la BI, le cloud computing et même le green IT ont le vent en poupe. Il y a donc là des places à prendre. Effitic, Evaluant, Acial, Acti… la liste des sociétés de services opérant sur des niches qui recrutent s’allonge. Il y a aussi celles qui comme SCC (20 recrutements annoncés), embauchent pour « anticiper la reprise du marché ». Il y a de plus des régions plus dynamiques que d’autres. Ainsi, la Bretagne cherche à attirer 1.500 informaticiens, dont 1.200 rien qu’à Rennes. Le 15 octobre dernier, lesjeudi.com a d’ailleurs fait étape dans la capitale régionale pour y proposer 500 emplois. Voilà pour les bonnes nouvelles.

Malheureusement, il y a des informaticiens qui ne profitent pas de l’éclaircie. C’est le cas des plus de 50 ans, particulièrement ceux estampillés cobol, mainframes ou langage C; dont une partie à pourtant vaillement résisté jusqu’à aujourd’hui. Les moins âgés ne sont pas forcément à l’abri. Ainsi une étude d’Expecta révélait cet été qu’une fraction importante des 40-49 ans, des développeurs et des salariés des SSII craignaient à juste titre pour leur avenir. Une chose semble sûre, la vague de la crise, en refluant, laissera son lot de victimes sur le sable.