Automatiser le paiement des salaires dans la fonction publique relève apparemment de la mission impossible. Quelques semaines après avoir abandonné Louvois, le logiciel de paye du ministère de la défense,

le gouvernement vient en effet de mettre fin au développement d’un système unique de paiement des salaires des fonctionnaires.

Lancé en 2007 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le projet ONP (pour Opérateur National de Paye) avait pour objectif de centraliser le versement des salaires aux quelque 2,4 millions d’agents de l’Etat. Il avait également dans sa ligne de mire la réduction du nombre de personnes affectées (12.000 selon les estimations) à cette activité.

Le programme qui devait être opérationnel en 2017 s’avère être un véritable gouffre financier. D’un coût évalué entre 100 et 150 millions à l’origine on est arrivé aujourd’hui à environ 235 millions d’euros de dépensés (sans tenir compte des salaires versés aux 215 agents impliqués dans le projet). Retards et surcoûts s’accumulant, la note finale devrait avoisiner les 700 millions d’euros. D’où la décision prise par Bercy d’abandonner le projet.

Ce sont donc les anciens systèmes de paiement datant des années 70 qui seront conservés, faisant toutefois l’oeuvre d’un toilettage, voire d’une réécriture. On peut d’ailleurs se demander si à l’arrivée il y aura finalement moins d’argent de dépensé.

L’abandon de l’ONP est critiqué par les syndicats. Ces derniers s’inquiètent du sort réservé aux agents des finances publiques, notamment contractuels, qui travaillent sur le projet.
Dans un tract, Force Ouvrière dénonce par ailleurs  » une gabegie phénoménale  » alors que le gouvernement  » oppose aujourd’hui la maîtrise des dépenses publiques pour s’opposer à la satisfaction des légitimes revendications des personnels des finances publiques « . Le syndicat y voit une raison supplémentaire pour lesdits agents de se mettre en grève le 20 mars.

Paradoxalement, les syndicats s’opposent donc à l’abandon d’un programme qui en cas de réussite se serait soldé, en matière d’emploi, par la suppression d’environ 3.500 postes en 2017.