Selon Didier Moizo, conseiller sectoriel IT à la direction des études économiques d’Euler Hermes, l’activité du secteur IT devrait encore marquer le pas cette année alors que les défaillances restent à un niveau élevé.

 

Channelnews : Suite à l’analyse de l’évolution récente des défaillances dans le secteur IT, vous en arrivez à la conclusion que la situation a cessé de se dégrader mais que le niveau de sinistralité reste élevé. Que voulez-vous dire ?

Didier Moizo : À fin octobre, le nombre de défaillances sur les douze derniers mois était en recul de 0,6%. Nous devrions terminer l’année sur un recul de 1% par rapport à l’année 2009. Cela marque un arrêt de la dégradation mais pas un véritable retournement de tendance car l’année 2009 avait été marquée par une hausse de 10% des défaillances. Celles-ci se stabilisent donc à un niveau relativement élevé (autour de 1460) comparable à celui de l’année 2004. Néanmoins, on n’égale pas les pics des années 2002 et 2003 (respectivement 1639 et 1686 défaillances).

Quelles sont les entreprises les plus vulnérables ?


Didier Moizo : Les entreprises de services et plus particulièrement les éditeurs. Alors que les entreprises de négoce ont vu leur nombre de défaillances refluer de 8,7% au cours des douze derniers mois (après une hausse de 11% en 2009), celui des entreprises de services a continué à augmenter (+3%) alors qu’il avait gonflé de près de 10% en 2009. La hausse a même atteint 20% pour les éditeurs cette année. Toutefois, on peut parler d’effet retard en ce qui les concerne car leur sinistralité avait reculé de 10% en 2009.

Comment a évolué l’activité des prestataires IT cette année et quelle tendance anticipez-vous pour 2011 ?


Didier Moizo : Le chiffre d’affaires cumulé des acteurs du secteur devrait s’établir en recul de 0,5% cette année après une baisse de 3,7% en 2009. Ce chiffre est à comparer à la croissance de 1,3% estimée du PIB cette année. Un décalage qui n’a rien de surprenant : le secteur des technologies de l’information est rentré plus tardivement que le reste de l’économie dans la crise. Il est donc logique qu’il connaisse une reprise décalée. En 2011 nous anticipons une croissance du PIB dans le bas d’une fourchette comprise entre +1,1 et +1,8%. L’IT restera probablement encore en retrait avec une progression de +1 à +1,5% de son activité. Il y aura donc reprise mais elle sera molle et progressive.