Les intégrateurs recommencent à ressentir des difficultés à recruter des profils tech-niques expérimen-tés. La pénurie touche notamment les architectes systèmes et les experts virtualisation.

 

Le répit aura été de courte durée. Le recrutement redevient un souci pour une majorité d’intégrateur alors que leur niveau d’activité connaît une embellie depuis cet été. « Le dépôt de bilan d’Ares ajouté au ralentissement des ventes lié à la crise avait pourtant créé les conditions d’une véritable détente sur un marché jusque là complètement bloqué », commente Didier Gentil, le président du directoire de l’intégrateur nantais CIS.

Si les difficultés concernent aussi les commerciaux, c’est surtout sur les profils techniques que la pénurie est la plus palpable. Les intégrateurs recherchent notamment des architectes système et des experts dans les technologies qui ont le vent en poupe : le stockage, la virtualisation, la messagerie, les réseaux… La surchauffe touche également les développeurs Java et .Net dans certaines régions.

« Le paradoxe de la situation est que nous avons de plus en plus de débutants frais émoulus des écoles qui viennent frapper à notre porte », poursuit Didier Gentil. Mais il faut 18 à 36 mois pour former un jeune avant qu’il ne devienne rentable pour l’entreprise ». Un investissement que beaucoup hésitent à faire en période de faible croissance. « La vérité, c’est qu’il reste encore trop d’acteurs dans notre secteur d’activité, ce qui a pour effet de tirer les prix vers le bas ».


Des salaires à la hausse

Du coup, on remet au goût du jour les méthodes opportunistes pour attirer à soi les bons éléments des confrères. L’intégrateur orléanais InetD a ainsi mis en place un programme de parrainage incitatif et promet un plan d’épargne salariale à ceux qui le rejoindraient. Mais cette stratégie a ses limites et notamment celle de pousser les salaires à la hausse. « Il faut compter 40.000 à 60.000 € par an pour embaucher un technicien expérimenté et rajouter chaque année quelques milliers d’euros pour le garder, estime un intégrateur. Sans parler des formations continuelles qu’il faut consentir pour les maintenir à jour ».

D’ailleurs, lassés « fournir des CV à la concurrence », certains mettent le frein sur la formation. « De toute façon, la population des ingénieurs et des techniciens n’est pas si mobile que ça », estime pour sa part Thierry Choserot, directeur marketing de l’intégrateur parisien Le Permis Informatique. « Il faut vraiment qu’ils commencent à se sentir mal dans leur entreprise pour qu’ils cherchent à aller voir ailleurs », renchérit un confrère. Du coup, Thierry Choserot privilégie plutôt ce qu’il appelle le marketing d’affaires, c’est-à-dire les relations de sous-traitance ou de co-traitance avec ses confrères.