L’exploitant de datacenters neutres a annoncé le mois dernier le rachat du datacenter de l’hébergeur lyonnais Netissime. Nous avons demandé à son président-fondateur Magdi Houry de nous expliquer les tenants et aboutissants de cette opération.

Channelnews : Vous venez de racheter le datacenter du lyonnais Netissime. Pouvez-vous présenter Euclyde et son métier ?

Magdi Houry : Euclyde est un opérateur d’infrastructures datacenter. Créé en 2004, la société n’a démarré son activité commerciale qu’en 2009. Elle propose des services basiques de datacenter comme de la mise à disposition de serveurs, de services de stockage et de sauvegarde. Mais elle ne fait pas d’hébergement de sites Web comme OVH, ou d’infogérance d’applicatifs métiers. C’est plutôt le rôle de nos clients. Notre métier est avant tout un métier de gestion de bâtiments. On héberge des infrastructures destinées à être le réceptacle des données des clients. En ce sens, notre rôle est assimilable à celui d’une banque chargée de veiller sur le patrimoine numérique des entreprises. On parle d’engagement de moyens si ces données sont hébergées sur des infrastructures que nous confient les clients, ou d’engagement de résultat si elles sont directement hébergées sur nos infrastructures. On peut aussi utiliser une deuxième analogie : celle de la centrale électrique du 21è siècle. Car il y a une grosse composante électrique dans notre métier : on s’engage sur une disponibilité électrique parfois sur des dizaines d’années. D’où la mise en place d’infrastructures de type onduleurs, groupes électrogène, TGBT, disjoncteurs de tête, interchangeables à chaud.

Existe-t-il des différences entre votre métier et celui d’acteurs tels qu’Equinix ou Interxion ?

Magdi Houry : Nous exerçons le même métier, à la différence que ces acteurs sont internationaux quand nous nous sommes régionaux et qu’ils s’implantent uniquement dans les grandes capitales. Nos sites représentent des tickets de 10 ou 15 M€ d’investissements quand les leurs atteignent 150 ou 200 M€. Nous exploitons des sites de 500 m2 à 2.000 m2 de surface utile quand eux construisent des sites de 15.000 à 20.000 m2. Leur taille ne leur permet pas de venir s’implanter en régions faute de débouchés suffisants. Notre clientèle aussi est différente. Même si nous comptons parmi nos clients huit sociétés du CAC 40, nous nous sommes progressivement outillés pour répondre aux besoins des entreprises de taille intermédiaire et aux PME. Ces dernières ont notamment besoin de plus de support. D’une manière générale, notre proposition de valeur se caractérise par la proximité, une plus grande réactivité et le professionnalisme de nos équipes.

Pourquoi avoir racheté le datacenter de Netissime ?

Magdi Houry : Ce datacenter nous permet d’élargir notre empreinte nationale en nous implantant à Lyon et en ajoutant 750 m2 de salles informatiques à notre offre. Cumulé avec nos centres de Besançon, Valbonne, Antibes et Luxembourg, nous approchons désormais 4.500 m2 de salles informatiques.

Que devient Netissime suite à cette opération ?

Magdi Houry : Nous n’avons pas racheté Netissime mais seulement l’immeuble dans lequel est logé son datacenter. L’équipement existant ne nous convient pas et nous sommes en train de le démanteler pour installer nos propres équipements. Pour autant, Netissime garde pour l’instant ses infrastructures, qui occupent 30% de la surface disponible. Nous aménageons les 70% restants. Lorsque tout sera prêt, Netissime déménagera progressivement ses baies vers nos salles et nous aménagerons alors l’espace libéré.

Quel est le montant de cet investissement ?

Magdi Houry : Entre le rachat et l’équipement de la première tranche de 250 m2, nous investissons 5 M€.

Quelle est votre croissance prévisionnelle pour l’année 2016 ?

Magdi Houry : Nous tablons sur 6,3 M€ de chiffre d’affaires en 2016 après quasiment 5 M€ en 2015 et 3,2 M€ en 2014.

Prévoyez-vous une nouvelle opération de croissance externe ?

Magdi Houry : Oui. Sachant qu’il faut trois ans pour construire un nouveau datacenter depuis la recherche de l’emplacement jusqu’à l’inauguration, si l’on veut accélérer notre croissance, on ne peut plus compter seulement sur le « new built ».