Suite au rachat de Databail, Bruno Lemaistre, directeur général d’Econocom, explique comment la société va être intégrée au groupe et quelles sont ses perspectives pour les prochains mois.

 

Channelnews : Vous venez de conclure le rachat de Databail, la filiale financement de l’intégrateur IBM Adequat après plus de six mois de négociations avec Ares. Cela signifie-t-il que vous eu du mal à vous entendre ?


Bruno Lemaistre : En effet, le prix demandé au départ par Ares ne reflétait pas la valeur réelle de l’entreprise. Cette activité financement représentait un nouveau métier pour Ares, qu’il avait sans doute mal évalué, et qu’il n’a d’ailleurs pas eu le temps d’intégrer. Les difficultés d’Ares n’ont rien arrangé. Dès lors que la situation financière du groupe a été connue, Databail a perdu toutes ses sources de refinancement. Du coup, sa production a été quasiment nulle pendant six mois. Autre difficulté : nous avons dû refaire toute la comptabilité qui était, nous semble-t-il, pour le moins fantaisiste. Une fois ce travail achevé, Ares était en redressement judiciaire et l’administrateur a souhaité ouvrir la négociation en faisant rentrer dans le jeu de nouvelles offres, ce qui a repoussé d’autant la conclusion de la transaction. Factum et CHG se sont notamment porté acquéreurs.

Vous avez finalement remporté l’affaire. Quels sont les fondamentaux de l’activité de Databail et comment va se dérouler l’intégration ?


Bruno Lemaistre : Le portefeuille clients est sain. En vitesse de croisière, Databail faisait environ 45 M€ de chiffre d’affaires par an. Mais comme je vous l’ai dit, l’élan a été coupé net cette année. La bonne nouvelle c’est que, dès la transaction conclue, Databail a retrouvé toute la confiance des refinanceurs et que nous n’avons quasiment pas perdu de clients durant la période de transition. Nous devrions ainsi dégager un léger bénéfice sur l’exercice, de l’ordre de 200 000 €. Pour l’équipe, qui compte treize personnes dont six commerciaux, l’intégration sera effective début 2009, quand tout le monde aura rejoint nos locaux de Clichy et aura été connecté à notre système d’information. En ce qui concerne l’intégration fiscale, elle ne devrait pas intervenir avant 2010. C’est toujours long dans le secteur du financement.

Quels vont être les axes de développement de Databail au sein du groupe et quels sont vos objectifs pour l’année 2009 ?


Bruno Lemaistre : Nous prévoyons un budget conservateur de 30 M€ pour Databail en 2009. Nous sommes en train de négocier un accord avec D.Fi, qui a repris Adequat, la société sœur de Databail, pour que nous puissions continuer à couvrir leur portefeuille produits, sur lequel nous sommes peu présents en France. Nous allons devoir rationnaliser le portefeuille clients. Sur les six cents clients que compte Databail, seuls une vingtaine relèvent du profil Econocom, c’est-à-dire qu’ils comptent plus de 1 000 postes. Ces clients étaient clairement sous-travaillés et nous allons faire en sorte de leur proposer des produits plus modernes de type TRO (Technology Refresh Option). Pour les plus petits clients, l’impact de la crise financière va être plus sensible, les crédits étant de plus difficiles à refinancer. Nous venons néanmoins de débloquer 10 M€ financés sur nos fonds propres qui seront consacrés financer des projets à partir à partir de 1 M€ de leaseback en prenant 20% du risque à notre charge.

Quelles sont vos perspectives pour le groupe ?


Bruno Lemaistre : Sur l’activité financement, le marché reste bon pour les grands clients même si les taux se tendent : on finira l’année sur une croissance supérieure à 10%. La crise n’aura pas d’impact sur l’exercice en cours. Pour la suite, nous sommes confiants. L’informatique est de plus en plus stratégique pour les entreprises. Certes, elles vont faire plus attention à leurs dépenses informatiques mais elles vont aussi avoir besoin de cash et donc avoir tendance à réduire la part de leurs actifs financés sur fonds propres au profit d’un financement externe. Sur l’activité distribution, nous récoltons les fruits de nos investissements commerciaux passés et nous pensons que nous ferons mieux que le marché. Quant aux services, la situation est contrastée. Les services ITIL marchent très bien, ainsi que l’infogérance. En revanche la maintenance et les contrats de services de régie courts souffrent.