« Le pallier des 400 collaborateurs est un cap délicat qui nécessite des process, des structures, un management plus sénior… » Ces mots de Franck Dubray, président du groupe Dragonfly (ex-Intrinsec), ont le mérite de planter le décor. Après des années de croissance échevelée, Franck Dubray aspire à structurer son groupe pour le préparer à la prochaine étape de son développement : le cap des 100 M€. Un nouveau pallier qu’il espère atteindre d’ici à 2020.

Cloud Temple pèse désormais 50 M€ de facturations annuelles

Annoncée l’année dernière mais pas encore tout à fait achevée, sa première initiative a été la séparation des activités infogérance et hébergement cloud de l’activité sécurité via le transfert de leurs actifs respectifs dans deux filiales distinctes. Une décision prise par souci de clarification vis-à-vis du marché. Activité historique du groupe, la sécurité s’est faite dépasser par l’infogérance et le Cloud qui, avec 43 M€ de revenus en 2016 – y-compris Advim, racheté fin 2016 et qui fusionnera avec Cloud Temple début 2018 – et 50 M€ prévus cette année, représentent désormais près de 88% de ses revenus.

L’activité sécurité, qui pèse environ 7 M€ de chiffre d’affaires annuel, continuera donc de communiquer sous la marque Intrinsec, tandis que les activités hébergement cloud-infogérance adoptent la bannière Cloud Temple. Une marque en usage depuis 5 ans au sein du groupe mais qui était connue des seuls clients. Environ 80 collaborateurs passent du côté Intrinsec, tandis que la partie Cloud Temple hérite d’environ 280 collaborateurs. Une quinzaine de personnes positionnées sur des fonctions back office sont mutualisées sur l’entité juridique historique Intrinsec, rebaptisée Dragonfly, qui devient la holding du groupe.

Sébastien Lescop et Christophe Lesur succèdent à Xavier Deweer et Pierre Schaller

Sa deuxième initiative a été de recruter une équipe de management pour Cloud Temple. Le groupe vient ainsi d’annoncer les nominations de Sébastien Lescop et de Christophe Lesur, le premier comme directeur général en charge des opérations et le second comme directeur général en charge du commerce et de l’avant-vente. Sébastien Lescop, qui a rejoint Cloud Temple en avril, était auparavant directeur de le BU Banque et Assurances d’Econocom. Christophe Lesur est issu du sérail Intrinsec où il a occupé successivement les postes d’architecte, de directeur de la production et de directeur de l’avant-vente.

Cette équipe de choc succède en réalité à un premier tandem, Xavier Deweer et Pierre Schaller, qui avait été recruté il y a deux ans et demi pour assurer la transition suite au départ de deux actionnaires historiques, Etienne Besançon ex-DG et Eric Aimard ex-DGA, en désaccord avec la stratégie de Franck Dubray. Xavier Deweer et Pierre Schaller, respectivement directeur général délégué en charge de l’infogérance et directeur général délégué en charge du marketing/communication et des ventes, avaient pour mission d’ouvrir plus largement l’entreprise sur les grands comptes. Une mission dont ils se sont acquitté avec brio. « On a réorienté et mis au niveau les plateaux de services pour adresser des prestations plus complexes. Et au final on a ouvert des comptes comme Veolia, Total ou Ondeo », relate Franck Dubray. L’un et l’autre ont quitté l’entreprise au premier semestre pour de nouvelles opportunités.

Négocier le virage vers la digitalisation et le Cloud hybride

De leur côté, Sébastien Lescop et Christophe Lesur ont pour mission de mener à bien plusieurs gros chantiers. Ils devront notamment gérer le virage de l’entreprise vers la digitalisation et compléter son offre de services d’exploitation avec des services d’architecture, de gestion de projet, du développement. Ils devront également gérer le virage de l’entreprise vers l’hybride. En effet, Cloud Temple met de plus en plus son expertise en exploitation d’infrastructures à la disposition de ses clients pour les accompagner sur les clouds des autres, notamment ceux d’Amazon et de Microsoft. « Les clients continuent de mettre leurs applications critiques dans notre cloud privé mutualisé – qui pèse désormais 20 M€ de facturations annuelles – mais pour leurs environnements de pré-production ou leurs fermes web, ils apprécient de plus en plus la capacité et la souplesse des grands clouds publics », expose Franck Dubray. En conséquence, Cloud Temple travaille à faire évoluer sa couche d’outillage pour pouvoir administrer de manière homogène les applications de ses clients quel que soit le cloud utilisé.

À plus long terme, d’autres projets les attendent : la poursuite de la croissance externe, initiée avec les acquisitions de Netixia en 2015 et d’Advim en 2016 ; la poursuite de l’expansion sur l’Afrique francophone – rondement menée via sa filiale tunisienne dont l’effectif atteint désormais 40 personnes après deux et demi d’activité ; et l’automatisation de la production via la mise œuvre des résultats des recherches en intelligence artificielle que la société mène depuis cinq ans.

La problématique majeure : recruter

Mais en attendant, la problématique de Cloud Temple est surtout de recruter pour absorber le surcroît d’activité lié à sa croissance annuelle supérieure à 20%. Cloud Temple vient ainsi d’ouvrir une agence à Caen juste parce que la société y a trouvé des compétences qui lui faisaient défaut. Près d’une dizaine de personnes y travaillent déjà. La société a aussi sensiblement étoffé son middle management toujours dans cette perspective de passer le cap des 400 collaborateurs et d’affronter sereinement un exercice 2018 qui devrait l’amener au seuil des 60 M€ de chiffre d’affaires (hors croissance externe).