Antoine Henry, le nouveau président de Sage France, revient pour Channelnews sur le départ de Pascal Houillon, les résultats 2010, l’adhésion à l’Afdel, l’évolution du réseau de distribution … Il dresse les perspectives pour 2011.

 

Channelnews : Le chiffre d’affaires du groupe Sage a stagné en 2010 à 1,65 milliard d’euros. Comment s’est comportée la filiale française ?


Antoine Henry : Elle a fait mieux. En 2010, nous avons enregistré une croissance de 3% alors que nous n’avions pas perdu de chiffre d’affaires en 2009. Nos revenus ont ainsi atteint le niveau record de 315 M€. Cette croissance s’est accélérée au deuxième semestre avec des revenus en hausse de 5%. Ce sont les licences (près du tiers du CA) qui ont le plus progressé à +8% (+13% au deuxième semestre). A contrario, les contrats (plus de 50% des revenus) ont progressé plus doucement (+2%).

 

Qu’est ce qui a tiré la croissance sur l’exercice ?


Antoine Henry : Nous avons introduit une offre de contrats récurrents sur l’activité Apisoft que nous avons rachetée il y a deux ans. Un modèle dans lequel nous avons impliqué les revendeurs et qui a participé de la croissance à deux chiffres de cette activité. Nous avons également introduit trois produits majeurs : une nouvelle version de Sage X3 en janvier, Sage 100 Entreprises étendue en mars et une nouvelle version de Sage 1000 en mai. Trois lancements qui expliquent en grande partie la croissance de 13% des revenus licences au deuxième semestre. D’une manière générale, c’est sur nos activités indirectes que nous avons enregistré nos progressions les plus franches. Nos activités vente directe ont eu plus de difficultés, à l’exception de notre offre Experts comptables.

 

Votre réseau de distribution a-t-il profité de cette croissance ?


Antoine Henry : Incontestablement. Le poids de l’indirect a augmenté dans notre répartition de chiffre d’affaires. Et cette progression ne s’est pas faite au détriment du nombre d’acteurs. En effet, nous n’avons pas noté de mouvement significatif de consolidation ou de défaillances parmi nos partenaires. Le réseau est resté stable en nombre. Et l’objectif que nous avions de faire adhérer les revendeurs Apisoft au nouveau modèle mixant licences et contrat a été atteint au-delà de nos espérances : 100% des cent premiers partenaires Apisoft l’ont adopté.

 

Quelles sont vos perspectives pour 2011 ?


Antoine Henry : On ne dévoile pas de chiffre précis. Notre analyse est que le marché a globalement stagné en 2010 et qu’il enregistrera au mieux une légère croissance en 2011. Notre objectif est de continuer à surperformer le marché. Notre volant d’affaires nous laisse penser que notre croissance va continuer à s’accélérer. Pour cela nous allons continuer à promouvoir les trois offre majeures lancées en 2010.

 

Vous avez récemment annoncé votre adhésion à l’Afdel alors que vous êtes l’un des membres historiques du Syntec. Est-ce à dire que vous rompez avec le Syntec ?


Antoine Henry : Pas du tout. Nous restons au Syntec. Mais nous avons vocation à travailler avec tout le monde. L’Afdel est très orienté éditeurs de logiciels et regroupe parmi ses membres des sociétés avec lesquelles nous souhaitons collaborer. Du reste, nous avons compris que le Syntec souhaitait jouer la carte de l’ouverture. Nous ne sommes pas contre faire le pont entre les deux organisations si nécessaire.

 

Après quinze années passées à la direction de Sage France, dont cinq comme président, Pascal Houillon vient d’être nommé président de Sage Amérique du Nord. Cette nomination fait echo à celle de Guy Berruyer à la tête du groupe l’été dernier. Qu’est ce qui explique cette prise de pouvoir des français au sein d’une entreprise tout ce qu’il y a de plus britannique ?


Antoine Henry : Ce n’est pas la nationalité de Pascal Houillon qui a joué dans son choix pour ce poste mais sa réussite à la tête de Sage France, sa capacité à générer de la croissance organique et à gérer des acquisitions. Intégrer au mieux les multiples acquisitions réalisées au cours des dernières années et revenir à la croissance sont les enjeux majeurs de la filiale américaine.

 

A l’occasion de votre nomination en remplacement de Pascal Houillon début décembre, a été évoquée une nouvelle organisation pour Sage France. Que comptez-vous faire ?


Antoine Henry : Je ne prends mes fonctions qu’au 1er janvier [cet entretien a été réalisé le mardi 21 décembre, ndlr]. Il y aura probablement des aménagements mais laissez-moi le temps d’arriver.

 

De plus en plus d’éditeurs considèrent que la conversion au SaaS constitue l’un de leurs enjeux majeurs pour les prochaines années. Etes-vous toujours aussi dubitatif par rapport à l’intérêt de ce modèle et avez-vous une stratégie à l’indirect ?


Antoine Henry : avec 10 M€ de chiffre d’affaires réalisé dans les logiciels hébergés, Sage France fait partie des acteurs majeurs dans le domaine du Saas. Néanmoins, nous restons sur notre position initiale, à savoir que si ce modèle fait sens pour certaines applications de niche, il n’est pas encore réclamé par les clients sur les produits cœur de marché. Ainsi, nous avons des solutions Saas qui ont percé sur la gestion des douanes ou les produits de trésorerie. Mais il s’agit de produits proposés en direct et nous n’avons pas d’offre en indirect.