Pascal Houillon, DG de Sage France commente les résultats de l’éditeur pour l’exercice 2009 et détaille ses perspectives pour l’année 2010. À l’en croire, le SaaS reste réduit à la portion congrue.

Channelnews : Vous avez annoncé le mois dernier un chiffre d’affaires en décroissance de 2% à périmètre comparable pour votre exercice 2009 clos fin septembre. Et l’activité licences et services associés recule de 8%. Est-ce une bonne ou une mauvaise performance sachant que les instituts d’étude tablaient sur un recul de 2 à 5% du marché des ERP en 2009 ?

Pascal Houillon : C’est plutôt mieux que nos concurrents. Cegid a annoncé -17% sur les licences et les services associés et SAP -30% sur les licences. D’une manière générale, je pense que les instituts d’étude ont minimisé le recul du marché dans la mesure où ils agrègent les revenus licences et croissance dans leurs prévisions. Or les revenus maintenance reflètent le dynamisme des années précédentes pas celui de l’année en cours. Je pense pour ma part que les ventes de licences d’ERP ont reculé de 15% en 2009 pour l’ensemble du territoire.

Quelles sont les activités et les secteurs qui souffrent le plus et à contrario les plus dynamiques ?


Pascal Houillon : Ce sont surtout nos activités dans l’immobilier et l’automobile (concessionnaires) qui ont souffert. La plupart de nos autres activités sont en légère croissance ou étale. Certaines demeurent même très dynamiques à l’exemple de notre offre X3 pour les moyennes entreprises, qui progresse de 15%, ou notre activité experts comptables. Globalement, nous avons enregistré une diminution du nombre de nouveaux projets mais dans le même temps, les clients ont mis plus de ressources sur l’exploitation. Ainsi nos ventes de contrats de maintenance ont progressé de 6%. Nous avons notamment commercialisé plus de contrats premium qui comprennent un plus grand nombre de services.

Comment vos partenaires traversent-ils cette crise ?


Pascal Houillon : Jusqu’à présent, nos partenaires n’ont pas connu de difficultés financières particulières. De fait, ils sont moins exposés que nous pouvons l’être à la baisse du revenu licences car ils font en moyenne 70% de leur chiffre d’affaires sur leur parc client existant. Comme nous, ils ont eu tendance à faire plus de services, une part du désinvestissement sur les nouveaux projets s’étant reportée sur l’exploitation. Qui dit plus de services, dit meilleures marges et moins de sollicitation de leur trésorerie. En revanche, si un rebond venait à se concrétiser, cela pourrait se traduire par des rapprochements, comme ce fut le cas dans la période post 2000.

Lors de la publication de vos résultats, vous avez déclaré ne percevoir aucun signe particulier de reprise. Sur quoi vous fondez-vous pour l’affirmer et pensez-vous que la crise puisse s’aggraver ?


Pascal Houillon : Nous avons un certain nombre d’indicateurs avancés, comme la génération de prospects ou la fréquence des visites sur notre site, qui me laissent penser que la reprise n’est pas encore là. Ces mêmes indicateurs nous avaient appris dès l’été 2008 l’arrivée de la crise que nous avons commencé à ressentir dans les ventes à partir de janvier 2009. Si nous ne percevons pas de reprise immédiate, je peux en revanche confirmer que la situation a cessé de se dégrader depuis l’été dernier.

Sur quelles activités sera bâtie votre croissance en 2010 ?


Pascal Houillon : Nous allons continuer à capitaliser sur le succès de notre ERP X3. Nous allons bientôt faire des annonces à ce sujet. Nous allons aussi faire des annonces autour de la mobilité et de l’accessibilité de nos solutions pour en augmenter le nombre d’utilisateurs. Nous travaillons notamment à la création de frontaux à partir de technologies Web afin de rendre un certains nombres d’informations enregistrées sur nos produits disponibles pour l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise et pour ses partenaires sans formation préalable. Le CRM devrait continuer sa progression à deux chiffres. Nous nous intéressons également de près au marché des auto-entrepreneurs que l’on adresse via notre département Ciel et que nous souhaitons accompagner au-delà de notre métier d’éditeur. Nous sommes par ailleurs en prise de parts de marché sensible sur notre activité experts-comptables. Les clients de ces derniers représentent une source de prospects pour nos partenaires. Enfin, nous devrions profiter de l’avènement de la nouvelle norme européenne de communication avec les banques SEPA qui remplace la norme Etebac en vigueur depuis 1989. Une évolution qui impactera directement les systèmes de gestion de trésorerie, de rapprochement et de gestion des moyens de paiement de quelque 80 000 entreprises en France.

En 2009, il a été beaucoup question du SaaS et l’adaptation des éditeurs à ce modèle. Qu’en est-il pour Sage ?


Pascal Houillon : En 2009 Sage à conquis quelque 245 000 nouveaux clients au niveau mondial. Moins de 1% d’entre eux nous ont parlé de SaaS. C’est encore loin d’être une réalité dans les PME. Certes, le Saas apporte de la valeur dans certaines conditions. Par exemple pour les télé-déclarations, la gestion de trésorerie, la gestion des moyens de paiements… Dans les cas de connexions distantes de multiples personnes ou d’utilisation ponctuelle d’applicatifs, le SaaS peut se justifier. C’est un élément fonctionnel supplémentaire. En aucun cas un mode de commercialisation. Nous croyons au SaaS comme un moyen d’intégrer des services déportés supplémentaires à nos applications  mais nous ne croyons pas à une comptabilité ou un ERP en SaaS.