Bouygues vient de sortir un atout majeur dans son combat avec Numéricable pour mettre la main sur SFR. Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le PDG de l’opérateur, Olivier Roussat, a fait savoir qu’il négociait avec

Free pour céder à ce dernier son réseau et ses fréquences. Une opération toutefois conditionnée au succès du rachat du deuxième opérateur de l’Hexagone. « ?Cette solution clefs en main devrait faciliter le mariage avec SFR et rassurer Vivendi. La cession de notre réseau à Free se traduira par des centaines de millions d’euros de coûts en moins par an pour le nouvel ensemble? », a précisé Olivier Roussat à l’hebdomadaire.

Chez Free on a tout de suite saisi l’aubaine.  » Iliad annonce avoir signé un accord de négociations exclusives avec le groupe Bouygues et la société Bouygues Telecom en vue du rachat d’un portefeuille de fréquences 2G/3G/4G et du réseau de téléphonie mobile de Bouygues Télécom pour un montant pouvant aller jusqu’à 1,8 milliards d’euros « , indique un communiqué publié dimanche par la maison-mère de l’opérateur.
 » Cette opération a vocation à être financée avec les ressources propres et bancaires du Groupe et sans recours à une augmentation de capital « , précise le document.
Orange devrait également profiter de cette consolidation du marché, qui verrait le nombre d’opérateurs passer de quatre à trois.

Le consommateur lésé

Bien que voulue par Arnaud Montebourg ( qui estime que la guerre des prix actuelle empêche les investissements, notamment dans la fibre), la réduction du nombre d’opérateurs ne devrait pas forcément profiter au consommateur. A l’UFC-Que Choisir on rappelle ainsi que la consolidation du marché en Autriche – qui est lui aussi passé en 2012 de quatre à trois opérateurs – s’est soldée par une hausse immédiate des prix. Selon une note d’Oddo Securities citée par Libération, le prix moyen des forfaits a grimpé de 6% dans le pays au lendemain de l’opération. En deux ans, le coût de certains d’entre eux a même bondi de 18,7%.
Free – qui a activement contribué à la baisse des prix depuis son arrivée sur le marché – pourrait toutefois atténuer ce risque dans l’Hexagone.
 » Dans une configuration de marché revenu à trois acteurs, cette opération permettrait à Free Mobile d’accélérer sa dynamique commerciale ambitieuse au bénéfice du consommateur dans un contexte de concurrence par les infrastructures en renforçant considérablement son autonomie et son portefeuille de fréquences « , insiste d’ailleurs Illiad dans son communiqué.

En revanche, les clients de SFR et de Bouygues pourraient quant à eux bel et bien souffrir d’une détérioration du service lorsque le réseau Bouygues aura basculé sur celui de SFR. Par ailleurs, de nombreux abonnés convertis au réseau 4G de l’opérateur ne manqueront pas de se sentir trahis.

A long terme, le consommateur pourrait toutefois être gagnant. Bouygues va en effet très probablement augmenter ses investissements, d’autant que ceux-ci seront plus faciles à amortir avec 33 millions de clients qu’avec un portefueille de 11 millions d’abonnés.