Le marché de la visioconférence est arrivé à un moment charnière. Selon, Nicolas Jouan, directeur général d’Imago, principal grossiste spécialisé dans le domaine, il est en passe de se démocratiser avec

l’arrivée de nouvelles marques proposant des terminaux à moins de 1.000 €. Un seuil psychologique qui, Nicolas Jouan en est convaincu, devrait redonner de la vigueur à un marché en léthargie depuis 2011.

Représentant le plus emblématique de ces marques qui sont en train de révolutionner le marché, Tely Labs, avec lequel Imago vient de signer un accord de distribution exclusif pour la France (ainsi que la Grande-Bretagne, la Belgique, le Luxembourg, l’Espagne, les Pays-Bas et l’Afrique du Sud). Créée en 2010, le jeune fabricant de codecs a déjà conquis 21% du marché étasunien en volumes, selon le cabinet spécialisé Wainhouse Research.

La visioconférence est restée jusque-là un marché élitiste

Pour mesurer l’ampleur du bouleversement, Nicolas Jouan rappelle qu’aucune des marques leaders historiques telles que Polycom, Cisco, LifeSize ne descend encore en-dessous de 2.000 €. Et encore, ce prix s’entend sur des quantités minimum avec des remises pouvant atteindre 60% ou 70%. Ainsi, le produit le plus vendu du moment le Polycom HDX 7000 est positionné 7.000 € en prix catalogue.

« La visioconférence est un concept génial mais dont l’usage de masse n’a jamais décollé. Cela reste un marché élitiste avec moins de 5% des salles de réunions équipées. En se débarrassant du problème principal, le prix, on devrait rapidement voir apparaître une forte croissance volumétrique », professe Nicolas Jouan. Il se dit convaincu qu’à terme la visio sera très répandue dans les entreprises, pour les économies de déplacement qu’elle induit mais surtout pour ses vertus collaboratives.

Décollage imminent

Un mois après le référencement de Tely Labs, le directeur général d’Imago dit avoir de nombreux projets en cours, notamment avec des opérateurs et des intégrateurs réseaux. Et il assure que plusieurs grands comptes nationaux ont déjà sauté le pas.

Après trois années de stagnation, voire de léger recul de son chiffre d’affaires, Imago devrait renouer avec une croissance de 20% sur l’exercice en cours (clos le 31 juillet). Et l’exercice 2014-2015 promet déjà d’être au moins aussi dynamique avec la généralisation prévue du WebRTC (Real Time Communication), qui devrait permettre de faire de la visio depuis n’importe quel terminal sans télécharger d’applicatifs ni d’ouvrir des brèches de sécurité, et avec l’arrivée annoncée sur ce marché des géants de l’IT, notamment Microsoft (avec Skype Pro), Apple et Google (et sa Chrome Box).

La baisse des marges compensée par la montée en puissance du Cloud

Quant à savoir si l’inéluctable baisse des marges qui va s’ensuivre risque de menacer l’équilibre financier de sa société, Nicolas Jouan, se montre relativement serein : « oui les marges vont baisser sur les codecs et sur les ponts. Mais en parallèle, on devrait assister à une montée en puissance du Cloud qui, en apportant des fonctionnalités additionnelles commercialisées sous forme d’abonnement, permettra de générer de la récurrence et de rééquilibrer le niveau des marges ».