Pour une partie de la presse américaine les malheurs de HP proviennent de son conseil d’administration qu’elle juge incapable. Elle n’est pas plus tendre avec Meg Whitman, la nouvelle patronne du constructeur.

 

Le remède Meg Withman fera-t-il son effet chez HP ? Pas si sûr si l’on en croit les commentaires de plus en plus virulents qui fleurissent dans la presse américaine. Objet de son ressentiment : le conseil d’administration qui serait composé d’incapables.  « Renvoyer un CEO, éventuellement deux, peut être considéré comme de la malchance. En licencier trois ressemble à de la négligence », écrit Reuters.

 

Ce dernier rappelle que Carly Fiorina et Mark Hurd, subirent le même sort, la première en 2005, le second en 2010 pour des raisons il est vrai fort différentes, Carly Fiorina pour désaccord avec le conseil d’administration, les actionnaires et les héritiers du co-fondateur William Hewlett qui lui reprochaient notamment le rachat coûteux de Compaq, Mark Hurd pour une sombre affaire de harcèlement sexuel et de maquillage de notes de frais qui, au fil du temps, apparaît de plus en plus comme un vulgaire prétexte.

De son côté le New York Times révèle que la majorité des membres du board a validé le recrutement de Leo Apotheker sans jamais l’avoir rencontré. Un recrutement réalisé par un petit comité de quatre membres, Marc Andreessen, Lawrence Babbio Jr, John Hammergren et Joel Hyatt, qui évincèrent tous les candidats internes. La méthode fut la même pour l’embauche de Ray Lane, arrivé dans la société dans les bagages du patron allemand, un vieil « ami ».

L’homme d’affaires cristallise d’ailleurs toutes les rancoeurs. « Ray Lane doit quitter HP », titre ainsi Forbes. L’auteur de l’article lui reproche d’être à la fois lâche, opportuniste et fourbe. Lâche parce qu’après avoir encensé Leo Apotheker, le patron idéal qu’il admirait « de puis plus de 20 ans », il l’a abandonné. « Il ne possédait pas les outils de gestion dont nous avions besoin, notamment l’excellence opérationnelle, les capacités à communiquer et à diriger », déclarait-il ainsi à AllThings Digital. Opportuniste, parce qu’après avoir songé à prendre lui-même la place de PDG il s’est fait élire président exécutif de la société. Fourbe parce qu’il a reconnu avoir proposé la place à Meg Withman à peine trois mois après la nomination de Leo Apotheker.

« Qu’a fait Ray Lane depuis sa démission d’Oracle ? Pouvez-vous citer un champion qu’il ait soutenu ou découvert depuis qu’il a rejoint Kleiner Perkins ? Devenir un “ venture capitalist ” en respectant le plan de carrière de Ray Lane signifie généralement avoir un bureau, un assistant et attendre les réunion avec les associés. Cela vous laisse du temps pour vous prélasser dans un baignoire chaude dominant Big Sur (ndlr : un partie de la côte californienne constituée de falaises) et de jouer au golf. »

 

Jean-Louis Gassée n’est pas plus tendre avec lui. Ni avec les autres membres du conseil d’administration. Dans un long post publié sur Monday Note, celui qui débuta sa carrière chez HP France en 1968, avant de la poursuivre aux Etats-Unis (notamment chez Apple) s’étonne de la nomination de Meg Whitman. « Son background est nul en technologie, il est dans le secteur de la consommation. A eBay, elle s’ingénia à saboter le rachat de Skype, échoua à greffer l’activité des enchères et finalement mena ses actionnaires vers un déficit de 2,75 milliards de dollars. Ici, dans la (Silicon) Valley, les gens qui travaillent actuellement chez eBay racontent comment elle semait la discorde, comment elle était indifférente et désagréable. »

 

Pas de quoi rassurer ni les actionnaires, ni les partenaires, ni les salariés. D’ailleurs ces derniers ne se font pas beaucoup d’illusions. « Rendez-vous dans un an pour le prochain CEO », écrit l’un d’entre eux sur le blog de la CFTC. Même pessimisme à la CFDT. « L’annonce récente du remplacement de Leo Apotheker par Meg Whitman est le point d’orgue d’une lutte intestine du board d’HP. L’entreprise implose par le sommet. Après les annonces d’août sur le spin off de PSG et l’arrêt de commercialisation des matériels WebOS, l’entreprise se tire à nouveau une balle dans le pied en annonçant abruptement le remplacement de son CEO », écrit le syndicat dans un flash d’information aux adhérents publié sous un titre qui résume le ras-le-bol des salariés : Affligeant !