Bien que réalisant 36 millions de chiffre d’affaires, Feel Europe, la société qui a racheté Ovelia, la filiale services d’Overlap, n’est pas connue. Nous avons demandé à son président Gilles Sitbon de nous la présenter.

 

Channelnews : Vous êtes le patron d’une SSII employant déjà quelque de 420 personnes et réalisant 36 M€ de CA et vous venez de racheter pour 5,8 M€ Ovelia, la filiale services d’Overlap, forte de 130 personnes et de près de 15 M€ de chiffre d’affaires. Pourquoi cette opération ?

Gilles Sitbon : A l’ère de la massification des achats informatiques, j’essaye de montrer qu’on peut exister dans ce secteur en étant un acteur de taille intermédiaire tout en restant indépendant. Mais avec 36 M€ de CA, nous n’avions pas une taille assez significative pour obtenir certains référencements. Ovelia représente donc une opportunité d’ouvrir de nouveaux comptes et de pérenniser l’entreprise.

C’est votre sixième opération de croissance externe en six ans et on vous prête l’intention d’atteindre 100 M€ d’ici à quatre ans. Comptez-vous poursuivre dans cette voie ?


Gilles Sitbon : C’est vrai que la croissance externe m’a jusqu’ici  bien réussi et je ne compte pas m’arrêter là. J’étudie actuellement deux autres dossiers qui pourraient déboucher sur l’intégration d’une centaine de nouveaux collaborateurs. Mais je mise également sur la croissance interne. Si l’année 2009 ne nous en a pas permis d’en faire en raison de la conjoncture, nous avons enregistré 20% de croissance interne depuis le début de l’année 2010, ce qui nous a conduis à gonfler  notre effectif net  de 60 personnes en cinq mois.

Comment financez-vous cette croissance ?


Gilles Sitbon : Jusqu’ici, essentiellement par autofinancement. Je n’ai pas distribué de bénéfices depuis la création en 2000. De sorte qu’au rachat d’Ovelia, les fonds propres atteignaient 8,5 M€ pour un endettement inférieur à 1,5 M€. Pour cette opération, j’ai souscrit un emprunt de 5 M€ et j’apporte 800.000 € en cash. Et j’espère financer les prochaines acquisitions grâce à un apport en fonds propres du FSI en cours de négociation.

Quels sont secteurs et domaines de prédilection et comment se répartissent vos activités ?


Gilles Sitbon : Nous avons une activité généraliste orientée à plus de 80% sur le secteur banque-assurance. Nous accompagnons nos clients sur quatre sortes de prestations : le conseil et l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, le développement et l’assistance à la maîtrise d’œuvre, l’ingénierie de production et la formation. Avec le rachat d’Ovelia, notre pôle infrastructures (ingénierie de production) pèse désormais 40% des facturations (contre 20% auparavant), le conseil 30%, le développement 25% et la formation 5%. Les prochaines acquisitions devraient rééquilibrer la part du conseil.

En étant à ce point tourné vers le secteur banque-assurances, comment se fait-il que vous n’ayez pas été plus affecté que ça par l’effondrement des valeurs financières fin 2008-début 2009 ?


Gilles Sitbon : Ce qui a été difficile, ce sont les baisses imposées de tarifs – nous avons perdu en moyenne 3 à 4%. Nous avons aussi eu à gérer pas mal d’intercontrats. Mais plusieurs gros chantiers ont été générateurs de business comme la fusion BNP-Fortis,  le projet Rivage de Groupama (refonte du système d’information) ou Solvency II, la réforme européenne de la réglementation régissant le monde de l’assurance.

La lecture de votre biographie nous apprend que vous n’en n’êtes pas à votre première création d’entreprise. Vous avez été le co-fondateur et le directeur de la SSII SitInfo que vous avez hissée en douze ans à 15 M€ de chiffre d’affaires avant de la revendre en 1998. Qu’avez-vous appris de cette expérience ?


Gilles Sitbon : Alors que j’avais construit la première entreprise par croissance organique, j’ai tenté pour celle-ci la croissance externe. Autre différence : une grosse partie du chiffre d’affaires de Sitinfo reposait sur très peu de personnes et les relais de croissance étaient faibles. Aujourd’hui, le business repose plus sur une organisation que sur des individus.

Pourtant vous passez pour un patron social et votre entreprise jouit d’une réputation plutôt positive parmi les salariés. Est-ce que ce n’est finalement pas la conduite des hommes qui vous motive ?


Gilles Sitbon : C’est vrai que la gestion des personnes fait partie de ma culture. C’est vrai aussi que je suis un patron, disons, amical, peut-être pas assez distant. On pourrait dire «  à l’ancienne », pour qui l’humain compte. Je constate que cela devient atypique dans ce monde où règne l’industriel, où le nombre des clients se réduit et où les achats ont pris le pouvoir. J’ai évolué avec mon temps mais j’ai gardé ce côté humain.