D’après les baromètres de l’emploi (Apec et Acoss), le secteur IT continue de se démarquer avec une très légère croissance de l’offre d’emploi. Mais la situation est disparate, selon les métiers.


La tendance se confirme : en mai, le nombre d’offres d’emploi du secteur informatique a progressé de 3 % par rapport à l’an dernier même mois. Ce qui, selon le relevé de l’Agence pour l’emploi des cadres (Apec), sur douze mois glissants – pour tenir compte du lissage des effets saisonniers – donne une même progression de 3% sur un an.

Confirmation également avec les relevés de l’Acoss, caisse nationale du réseau des Urssaf : par rapport au recul des effectifs salariés du secteur privé (-0,2%) enregistré au premier trimestre 2013, tant dans l’industrie (-0,4%) que pour l’ensemble du secteur tertiaire (-0,1% en recul pour la première fois depuis 2009), le secteur des activités informatiques se démarque par un maintien dans le vert, avec une croissance de 0,4% des effectifs.

Selon les catégories de personnel informaticien, comme en avril, le relevé mensuel de l’Apec souligne la bonne tenue de l’offre d’emploi pour les métiers de développement (internet et mobilité), en progression de +15% en mai, avec 1900 offres (25465 sur douze mois). Un score qui tranche avec le repli des autres catégories (exploitation, maintenance, système-réseaux, maîtrise d’ouvrage, direction informatique), avec le statu quo de l’informatique industrielle (1556 offres) et les quelques 5100 offres de la catégorie informatique de gestion (+8% sur douze mois).

Certes, les écarts de progression, d’une catégorie à l’autre, sont à relativiser du fait de la distorsion habituelle de la multi-diffusion des opportunités de postes à pourvoir pour des projets ciblés par diverses SSII et pour des postes réputés difficiles à pourvoir. Et ce, alors que, dans le même temps, le chômage touche toutes les catégories de postes. Comme le reflète, par ailleurs, la simultanéité des annonces de plans d’embauche (par dizaines ou centaines, voire millier de postes) et celles de suppressions d’emplois. Sans parler de l’effet grossissant sur le volume de l’offre qu’a le turnover particulièrement élevé de certaines sociétés (jusqu’à 35% en 2012, de sources syndicales, cité par ChannelNews) et du « mirage des emplois non pourvus » reconnu implicitement par l’Apec (selon le Munci).


Un climat peu propice à la prise de risque


« Le marché de l’emploi informatique reste structurellement déséquilibré entre l’offre et la demande, et sur tous les métiers », observe Laurent Kermel, responsable régional Ile-de-France pour la filière IT du réseau Expectra. Tout en confirmant, parmi les profils de postes ouverts au recrutement, « la sur-représentation des métiers relevant des projets nouvelles technologies, web et mobilité ». Les statistiques d’activité de la filière IT d’Expectra en attestent : parmi les 5300 missions d’intérim et 300 recrutements en CDI assurés en 2012, « 30% des qualifications IT sont des profils études, chef de projets études, ingénieur études & développement, développeur, analystes fonctionnels, etc…), et 20% sont embauchés à des postes d’encadrement.

Commence à poindre, de même, un certain regain d’activité avec les besoins de compétences liés au déploiement du cloud computing (« les métiers de gestion de systèmes, de réseaux, et de stockage », précise ce dernier) et de compétences connotées analyses de données (informatique décisionnelle, data analyst, dataminer). Mais ces besoins de renfort émergents n’atténuent pas pour autant, pour les chargés de recrutement, le ressenti de l’attentisme qui prévaut actuellement, tant du côté des employeurs que des candidats potentiels. Moins de mobilité volontaire. Dans un climat perçu comme peu propice à la prise de risque, les procédures de recrutement s’étalent dans la durée, avec un plus grand nombre d’entretiens. « Des deux côtés, on observe une certaine frilosité », témoigne Laurent Kermel.


Au total, pas de quoi rompre, durant ce printemps 2013, avec le climat de morosité et le bilan étriqué de 2012. Comme le reflètent d’ailleurs les indicateurs publiés par Syntec numérique, avec une modeste progression de 0,8% en 2012 (0% pour les activités de conseil et services informatiques, +1,9% pour l’édition de logiciels) et une perspective encore moins encourageante pour 2013 (-0,3% pour les ESN ou ex-SSII, +1,6 % pour les éditeurs). Ce qui, en termes d’emploi, se traduit, pour 2013, par « un tassement des recrutements sous l’effet de la baisse de l’attrition et du marché » (dixit Syntec numérique). Toutes activités et toutes tailles d’entreprises, selon la chambre professionnelle et les statistiques de l’Insee et d’Acoss, le secteur numérique aurait encore créé environ 6000 emplois l’an dernier.

Un solde d’emplois négatif en 2012


Il est à noter, selon l’étude annuelle sur les « créations et destructions d’emplois en France » publiée en mai dernier par les cabinets FIE et Kurt Salmon (4ème édition de l’étude, sur un périmètre de 144 600 entreprises de plus de dix salariés, tous secteurs d’activité confondus), que le domaine SSII-informatique n’aurait créé que 4273 emplois en 2012, et perdu 6605 emplois. Un solde négatif, donc, s’il n’est pas tenu compte des très petites structures de moins de dix salariés. Mais ce bilan est quasiment l’homothétie de celui résultant des 100 000 licenciements et 65 000 embauches recensées par cette étude, tous secteurs et toutes industries confondues. En comparaison, les industries manufacturières ont perdu 47400 emplois et en ont créé 19958.


Selon Géraud de Montille, consultant FIE, la filière IT est notoirement « soumise à des cycles courts » car tributaire de la conjoncture, de la course à l’innovation et de la capacité à investir des entreprises clientes. La collecte des données (créations-destructions d’emplois) pour 2013, à mi-année, semble confirmer que les prestataires qui s’en sortent le mieux sont ceux adossés à des secteurs industriels en développement continu (aéronautique, énergie, e-commerce, environnement, domotique, électronique, etc), presque indépendamment de la conjoncture économique. «L’impact de la crise de 2007-2008, pour les sous-traitants, s’est fait sentir environ dix-huit mois après, les grands donneurs d’ordre ayant toujours de la maintenance à leur confier, des projets à boucler, etc… », commente le consultant.

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