Les recrutements s’accélèrent dans le secteur IT mais tous les profils ne profitent pas également de ce regain d’activité. Pour l’instant, les salaires restent contenus mais la part variable peut prendre une part prépondérante.

 

Denis Cerisola est le directeur commercial d’un cabinet de recrutement spécialisé dans l’informatique baptisé Business Activ. Un poste qui lui confère une position privilégiée pour observer les tendances du marché. Nous lui avons demandé de nous les faire partager.

Channelnews : Depuis deux mois, vous constatez une accélération de la demande de recrutement de la part des entreprises. Peut-on parler de reprise dans le secteur IT ?


Denis Cerisola : Nous ressentons en effet une accélération de la demande depuis deux mois. Elle émane d’entreprises de plus en plus nombreuses qui veulent développer leur business en 2011 et cherchent en conséquence à étoffer leur effectif. Cette accélération est palpable chez nos clients traditionnels, les éditeurs, qui ont pourtant bien marché en 2010. Mais elle concerne aussi les SSII qui commencent à se tourner vers nous pour trouver des profils un peu pointus alors qu’elles s’auto-suffisaient jusqu’à présent. Conséquence : certains profils se raréfient et les délais de recrutement ont tendance à s’allonger.

Attention toutefois : les clients restent très exigeants et préfèrent différer une embauche que recruter un candidat qui ne leur convient qu’à moitié. Une prudence qui est également de mise du côté des candidats : ils se renseignent longuement sur les caractéristiques du poste et les objectifs assignés avant de se décider. Ils sont également très regardants sur les temps de transport.

Quels profils sont les plus prisés par vos clients ?


Denis Cerisola : Les éditeurs recherchent des commerciaux notamment dans les secteurs du BPM, de la Finance ou de la sécurité. Au plan technique, les spécialistes Microsoft Online Services (MOS) et Sharepoint s’arrachent. Très recherchés également, les développeurs Java, .Net et PHP. Outre les développeurs Web, les clients, notamment les PME, recherchent actuellement des techniciens support hotline. Notez que le candidat idéal doit avoir au minimum trois à cinq ans d’expérience tout en étant âgé de moins de trente ans ; maîtriser plusieurs technologies ; être ingénieur plutôt que Miage ou universitaire ; parler plusieurs langues ; être mobile ; faire preuve d’aisance relationnelle et ne pas être trop gourmand sur le plan de la rémunération.

À l’inverse, quels sont ceux qui n’ont plus la cote ?


Denis Cerisola : En vertu des critères que je viens de définir, l’accès à l’emploi reste difficile pour les jeunes diplômés et les plus de quarante ans. Les DSI sont particulièrement touchés. Nous recevons des candidatures tous les jours d’ex DSI souvent de très bon niveau ne trouvant plus d’opportunité d’emploi. Victimes de la fermeture ou de l’externalisation des centres de production ou de la dilution de leurs fonctions, ils sont souvent handicapés par leur âge, par leur niveau de salaire (en moyenne 100.000 € par an), et par leurs compétences éloignées des nouvelles technologies. Autre population qui commence à subir une nette désaffection : les consultants ERP, et notamment SAP.

Est-ce que cette accélération des recrutements tend à pousser les salaires à la hausse ?


Denis Cerisola : Pas vraiment. Les salaires des populations techniques augmentent peu, la pression sur les prix étant toujours très forte. Seule exception : les spécialistes MOS et Sharepoint voient leurs salaires s’envoler (jusqu’à 60.000 € pour un candidat avec un BTS et un minimum d’expérience). Il est toutefois possible de négocier une part variable (prime d’objectif, intéressement…). Pour les commerciaux, c’est le même constat sur la part fixe du salaire. En revanche, la part variable a tendance à augmenter pour atteindre facilement la moitié de la rémunération totale.