En publiant lundi 1er février des résultats très supérieurs aux attentes, Alphabet, la maison mère de Google, a fait bondir son action de 6% au cours des échanges après bourse, portant sa capitalisation boursière à 555 milliards de dollars, devant celle d’Apple, qui détenait jusque-là la première capitalisation mondiale à 534 milliards. Tout un symbole. Pourtant, Google et Apple ne jouent pas encore dans la même cour en termes de poids économique. Alors qu’Alphabet a réalisé 74,99 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2015, Apple en a facturé pour 75,87 milliards sur le seul quatrième trimestre (et 235 milliards sur l’ensemble de l’année). Les écarts sont du même ordre en matière de profitabilité : 19,86 milliards pour Alphabet sur l’exercice 2015, contre 53,8 milliards pour Apple sur l’année 2015 (somme des trois derniers trimestres de son exercice 2015 et de son premier trimestre 2016).

Mais alors qu’Apple a vu ses revenus plafonner au quatrième trimestre (+2%), ceux d’Alphabet ont progressé de 17,8% (voire même à 24% à taux de change constants) à 21,3 milliards. Une croissance qui a même tendance à s’accélérer (+13,5% sur l’année). Ces résultats témoignent de la bonne santé et surtout des bonnes perspectives de ses activités historiques, notamment du moteur de recherche mais aussi de YouTude, d’Android, de Chrome, etc. À l’inverse, Apple a prévenu que pour la première fois depuis dix ans, le chiffre d’affaires devrait reculer au premier trimestre 2016, en raison notamment de la baisse de ses ventes d’iPhones. Les investisseurs apprécient également le niveau de rentabilité d’Alphabet qui, avec une marge opérationnelle de 25%, se rapproche des 32% d’Apple, référence en la matière, souligne LeMonde.

Alphabet est tellement en forme qu’il se paye même le luxe de ne plus dissimuler les pertes de ses activités encore en incubation dans la santé (Calico), les voitures autonomes (Google X), la domotique (Nest), les drones, l’intelligence artificielle, etc. Regroupées sous le terme générique des « autres paris » – le bet d’Alphabet –, ces activités ont cumulé 3,57 milliards de déficit en 2015 pour un chiffre d’affaires de 450 millions de dollars. Des technologies très consommatrices de cash aujourd’hui mais qui ont vocation à connaître une large diffusion à l’avenir et à alimenter la machine à cash du groupe dans les dix prochaines années. Au lieu de quoi, toujours muré dans sa culture du secret, Apple ne laisse à personne entrevoir de quoi son avenir sera fait. Au point que ceux qui doutent de son avenir sont de plus en plus nombreux. Y compris parmi les investisseurs apparemment.

Mise à jour : le croisement des courbes de capitalisation boursières des deux entreprises semblait se confirmer ce mardi 2 février. À mi-séance, la capitalisation d’Alphabet, bien qu’un peu retombée, évoluait autour de 547 milliards de dollars, tandis que celle d’Apple se maintenait autour 530 milliards sans parvenir à regagner le terrain perdu – la valeur s’est effritée plus de 15% en un an, tandis que celle d’Alphabet progressait de 40% dans le même temps.