Le rachat il y a deux ans des agences régionales d’Ares, a significativement entamé la marge bénéficiaire de l’intégrateur-hébergeur. Mais son PDG, Nicolas Leroy-Fleuriot, est confiant dans sa capacité à rebondir.

 

Channelnews : Vous venez d’officialiser votre chiffre d’affaires mais pas vos résultats qui doivent être visés par votre conseil d’administration début octobre. Qu’en est-il deux ans après le rachat des agences régionales d’Ares ? On sait que les agences de Nantes et de Lyon notamment perdaient de l’argent.

Nicolas Leroy-Fleuriot : Nous allons sortir environ 1,1 M€ de résultat d’exploitation pour 59,2 M€ de chiffre d’affaires, soit 2% de rentabilité. La bonne nouvelle c’est qu’on continue de gagner de l’argent. Mais ce n’est pas satisfaisant sachant qu’on dégageait 9% de résultat d’exploitation avant le rachat des agences régionales d’Ares. La restauration de notre profitabilité, c’est notre priorité pour les prochains exercices car c’est comme ça que nous pourrons continuer à autofinancer notre croissance. Nous n’avons actuellement aucun endettement et plus de 6 M€ de trésorerie placés. Nous visons 4% de profitabilité sur l’exercice en cours, 6% sur l’exercice 2011-2012 et 8% le suivant.

Comment comptez-vous vous y prendre ?


Nicolas Leroy-Fleuriot : En continuant de nous développer sur le cloud ainsi que sur la migration d’applications et, sur la partie infrastructures, qui représente encore 70% de notre chiffre d’affaires, en réalisant des acquisitions. Notamment à Lyon, qui constitue notre dernière poche de pertes. Nous pensons que la seule façon d’en sortir, c’est de faire une acquisition. Nous étions sur le point d’en conclure une cet été avec un intégrateur avant que l’un des associés ne se rétracte à la dernière minute. Si cette piste n’aboutit pas, nous nous orienterons vers une société d’infogérance ou de télé-pilotage. Il y a aura de façon certaine une opération au cours de l’exercice. HP, avec qui nous continuons d’entretenir une relation très proche, nous y pousse et nous fait même passer des dossiers.

Qu’en est-il de votre offre cloud, lancée à la fin de l’année dernière sous la marque iCod ?


Nicolas Leroy-Fleuriot : Elle cartonne. Après Altadis au printemps, nous venons de gagner plusieurs grosses affaires (Ceva Santé Animale, Invacare…), face à des IBM, Atos, Logica, etc. auxquelles nous n’aurions jamais pu répondre sans être propriétaires de notre datacenter de production. Nous continuons d’ailleurs d’investir dans notre infrastructure. Nous venons de nous équiper des dernières lames Itanium de HP, nous sommes en train de sélectionner une solution de déduplication et nous étudions l’opportunité d’acquérir une grosse robotique de sauvegarde.

Et concernant votre activité migration d’applications ?


Nicolas Leroy-Fleuriot : Là aussi, nous investissons. Nous sommes déjà leader européen de la migration d’applications HP3000 vers Unix. Avec l’appui d’Oracle, qui va y consacrer 100.000 € en co-financement et en co-marketing cette année, nous allons développer de nouveaux outils automatisés pour migrer ses vieilles applications Forms vers des versions plus récentes du même langage ou vers son atelier de génie logiciel ADS. Nous allons également migrer du Cobol Microfocus vers sa base de données. Nous venons de remporter plusieurs gros contrats (BNP Paribas, Coface, At Internet…) et notre carnet de commande est plein.

En tant que partenaire Gold Microsoft et expert en infrastructures en nuage, que pensez vous de son offre de services hébergés, BPOS ?


Nicolas Leroy-Fleuriot : Les messageries sont devenues des applications stratégiques mais lourdes et onéreuses à maintenir. Il y a donc une logique à les externaliser. Nous croyons à l’offre BPOS, notamment comme moyen de rattraper les clients qui partent chez Google. Mais nous misons surtout sur la virtualisation des postes de travail et sur l’hébergement des outils bureautiques de nos clients dans notre datacenter.

Que pensez-vous du rachat de 3Par par HP, que certains ont jugé surpayé ?


Nicolas Leroy-Fleuriot : Je pense que HP a bien fait de ne pas lâcher le morceau. Sa gamme actuelle était quelque peu vieillissante et hétérogène. Sur son offre intermédiaire, EVA, HP avait du retard face à Netapp, notamment dans la maîtrise des techniques de virtualisation. Le rachat de 3Par va lui permettre de combler son retard sur ce segment et de disposer enfin de sa propre technologie (et des marges qui vont avec) sur le haut de gamme tout en barrant le chemin à Dell, qui n’a pas de technologie différenciante à proposer.