Après la publication dans Métro du témoignage d’une ancienne téléconseillère d’Orange, désormais rédactrice en chef du webzine de l’opérateur, le syndicat demande le départ la directrice de la communication.

 

Dans son numéro daté du 20 juin, Métro consacrait un dossier au stress au travail. Un dossier dans lequel France Télécom ne pouvait manquer de figurer. C’est donc sans surprise que les lecteurs ont découvert dans le quotidien gratuit le témoignage de Louise Amara, « téléconseillère à temps partiel au centre d’appels d’Ivry-sur-Seine durant dix ans » Ils auront appris de sa bouche, avec plaisir sans doute, que depuis un an il existe une écoute beaucoup plus attentive chez l’opérateur, lequel se montre par ailleurs plus tolérant vers les retards, notamment pour les jeunes mamans, et que la mobilité interne est mieux gérée. Comme d’autre part, le centre d’appel d’Ivry a été totalement rénové depuis 6 mois et que l’ambiance morose de naguère a disparu, il est probable que les CV vont désormais affluer chez l’opérateur historique. Las, on vient d’apprendre que la personne en question, qui dans la vraie vie se prénomme Louisa et non Louise, est en fait la rédactrice en chef du webzine corporate, pur produit de la communication interne.

Une information qui n’a pas échappé aux salariés de l’entreprise, d’autant que la photo illustrant l’article est celle figurant dans l’annuaire de l’opérateur. Ce « bidonnage » a provoqué la réaction indignée de la CFE-CGC-UNSA qui s’est fendue d’un communiqué. 

Le syndicat y explique qu’il « attend de la direction qu’elle fasse toute la lumière, et surtout prenne toutes les dispositions pour que la communication de l’entreprise soit loyale ». Il demande notamment le départ de Christine Albanel, l’ancienne ministre de la culture propulsée directrice de la communication en 2010.

Un témoignage valable selon Orange

« Louisa a été téléconseillère pendant 10 ans au centre d’appel d’Ivry-sur-Seine et la journaliste de Métro a bien sûr été très clairement prévenue avant l’interview des nouvelles fonctions que Louisa occupe depuis six mois », se défend France Télécom, sollicité par l’AFP. « Cela rend son témoignage parfaitement valable, au même titre que la parole de n’importe quel salarié d’Orange », insiste l’opérateur.

Des propos qui font bondir Sébastien Crozier, élu de la CFE-CGC/UNSA au CCE de France Télécom. « Quelqu’un qui a quitté le centre d’appel il y a environ six mois pour devenir une collaboratrice du service communication n’est probablement pas la personne la mieux placée pour s’exprimer au nom des salariés ». Il regrette ce comportement très « border line » qu’il trouve « très détestable pour l’image de l’opérateur » et qui, selon lui « crée en interne une certaine défiance envers le nouveau contrat social ». « C’est un coup de canif dans la relation de confiance alors que Stéphane Richard fait des efforts pour restaurer un climat de confiance. »

Si la réaction de l’opérateur est un exemple de mauvaise foi, celle du quotidien est quant-à-elle la négation parfaite de la déontologie journalistique.

La rédactrice en chef adjointe, qui s’excuse toutefois pour cette « erreur » a en effet indiqué à l’AFP que Métro connaissait les nouvelles fonctions de Louise/Louisa Amara, mais que sa longue expérience en centre d’appels semblait « assez pertinente » pour publier son témoignage. Sans dévoiler ses nouvelles fonctions ? Lamentable !