« Orienté », « amalgame de situations différentes », faisant « peu de cas du travail réalisé et des succès commerciaux », Numergy a réagi vertement à notre article intitulé Bilan accablant pour Numergy et Cloudwatt.

Philippe Tavernier, son président exécutif, a tenu à éteindre la polémique en commentant lui-même son bilan. Sans concession.

Channelnews : Vous n’êtes pas d’accord avec la présentation que nous avons faite des résultats de Numergy. Loin d’être un échec cuisant, comme le suggère notre titre, Numergy serait d’ores et déjà un succès.

Philippe Tavernier : Et comment. Il y a une véritable énergie qui se dégage de cette entreprise. Numergy, c’est une centaine d’emplois créés en CDI, dont une équipe de 70 ingénieurs avec une pêche d’enfer et une grosse capacité d’innovation. L’entreprise est passée en un an de 2 M€ à 6 M€ de chiffre d’affaires, soit une croissance annuelle de 300%. C’est assez peu courant pour être souligné. Après deux ans d’activité, Numergy détient déjà environ 2% du marché du Cloud public d’infrastructures. Numergy signe chaque jour de nouveaux clients. Et remporte la plupart des affaires sur lesquelles elle se positionne. Les clients qui la jejoignent sont satisfaits et commencent à le dire. Un témoignage de Roche vient d’être diffusé en ce sens. Même chose pour les partenaires. 130 font confiance à Numergy et nous recevons de nouvelles demandes de partenariat tous les jours.

Mais ce chiffre d’affaires est tout de même bien en deça de ce que vous imaginiez au départ ?

Philippe Tavernier : Force est de constater que la transformation cloud de nos clients ne va pas à la vitesse escomptée. En réalité le marché est encore très modeste : de l’ordre de 200 M€. Bien loin des projections initiales des grands cabinets d’études américains. Nous le voyons bien à la nature de la demande et au contenu des appels d’offre. On n’est pas sur des deals en millions d’euros mais sur des volumes limités à quelques dizaines de machines virtuelles au mieux. Mais les promesses d’élasticité, de flexibilité, de réduction de coûts, de nouveaux usages du Cloud sont toujours valables. Beaucoup de clients sont en train d’achever leur phase de virtualisation. L’étape suivante, c’est l’hybridation et l’ouverture au Cloud public.

Le fait de disposer de 225 M€ de fonds propres, ce qui est peu commun pour une startup française, ont certainement été déterminants pour générer ce niveau d’activité et de croissance. La question que tout le monde se pose, c’est votre capacité à générer de la croissance profitable. À quelle échéance prévoyez-vous d’atteindre l’équilibre opérationnel ?

Philippe Tavernier : Dans le business plan initial, il était prévu que nous soyions 400 personnes en 2017 et que nous réalisions 400 M€ avec un résultat équilibré. Désormais, je vise plutôt 100 à 200 M€ d’ici à 2020 mais avec une exploitation positive dès 2017. Evidemment, j’ai dû adapter la voilure. C’est ce qui fait que nous ne sommes qu’une centaine au lieu des 400 prévus. Je fais en sorte d’ajuster les investissements à la taille du marché tout en veillant à ne pas prendre de retard technologique. Ça nous oblige à encore plus de vigilance et de responsabilité sur chaque euro dépensé. Mais jusqu’à présent, nous avons le satisfecit de nos actionnaires. Et il nous reste encore pas mal de cartouches à tirer.

Justement, où en êtes-vous de votre déploiement ?

Philippe Tavernier : On a fait évoluer la première plateforme mise à notre disposition, notamment en matière de sécurité. En parallèle, on a développé en interne une nouvelle plateforme fondée sur OpenStack qui é été rendue disponible en juillet. On a également jeté les ponts d’une alliance européenne occidentale (Cloud Alliance) avec des fournisseurs de Cloud public d’infrastructure d’autres pays. Alliance qui est sur le point d’entrer en phase opérationnelle avec le ralliement récent de l’opérateur italien Enter Cloud et l’aboutissement imminent des discussions engagées avec un acteur allemand et suisse.

Vous définissez-vous toujours comme un Cloud souverain ?

Philippe Tavernier : Certain se gaussent de cette notion de souveraineté. C’est un terme qu’on n’utilise pas vraiment en interne. Mais le fait est que nos équipes sont en France, y compris le support technique. Les données le sont également, de même les cellules d’intégration… Et on s’inscrit dans le cadre légal, réglementaire et fiscal français. Notre logique d’actionnariat, notamment avec son pacte d’actionnaires, nous permet d’offrir une perpective de long terme aux clients et nous protège d’une prise de contrôle par un actionnaire non souhaité. Tout cela est très séduisant pour les clients et les partenaires.