L’activité e-commerce de Pixmania est morte mais pas son activité « place de marché ». À l’instar d’Amazon ou de Rue du Commerce, Pixmania rentabilisait en effet son audience et sa notoriété en exploitant une galerie marchande virtuelle en parallèle de son activité de vente en propre. Regroupant quelque 450 vendeurs tiers, celle-ci dégageait 60 M€ de volume d’affaires annuel, dont la moitié à l’international. C’est sur cette activité que le site de ventes privées spécialisé produits high-tech Vente du Diable a jeté son dévolu fin janvier. Moyennant 400.000 € et la reprise d’une quarantaine de salariés (sur les 370 alors encore en activité), le tribunal de commerce de Nanterre, en charge d’examiner les offres de reprise, lui a accordé les actifs convoités le 5 février dernier.

« Cette opération était l’opportunité de se doter du catalogue permanent de produits neuf et reconditionnés que nous envisagions de développer en complément de notre activité de ventes flash », explique Olivier de Trémaudan, co-fondateur et CEO de Vente du Diable (VDD SAS), société de 35 personnes réalisant 25 M€ de chiffre d’affaires annuel, adossée depuis un an au groupe normand Green&Biz spécialisé dans le reconditionnement de matériels électroniques. C’était aussi le moyen de repartir à la conquête de l’international, après une tentative avortée il y a quelques années. VDD a ainsi hérité avec Pixmania de débouchés dans quatorze pays et de compétences pointues en développement d’audience et en animation de réseau e-marchands.

Une relance qui passe par la reconquête de l’audience et la refonte de l’IT

Mais en raison des difficultés financières de Pixmania, cette activité avait fortement ralenti et nécessitait d’être relancée. Lors de la reprise, il ne restait plus que 80 marchands partenaires, indique Olivier de Trémaudan. Il fallait réinvestir dans l’audience qui avait fortement chuté, refondre le système d’information, jugé obsolète et surtout bien trop onéreux – VDD espère s’affranchir de 90% de ses coûts – , mais aussi régler les nombreux litiges clients nés du blocage des règlements fournisseurs qui avait progressivement paralysé l’activité fin 2015. D’où la levée de 3 M€ en février pour mener à bien ces différents chantiers, tout en garantissant la poursuite de l’activité jusque-là, indispensable au succès du redressement.

Vente du Diable espère avoir bouclé la refonte du système d’information Pixmania et la reconquête de l’audience d’ici à septembre. La plupart des vendeurs partenaires (400) ont d’ores et déjà accepté de reconduire leur présence ou de revenir sur le site. Quant aux clients, ils ont tous été soit livré des commandes non honorées, soit remboursés, assure Olivier de Trémaudan. Seuls quelques centaines d’entre eux, victimes des agissements supposés frauduleux de l’un de ses partenaires, Elite GSM, risquent de ne rien récupérer. Une procédure pénale et civile a été déclenchée à l’encontre de ce dernier, suspecté d’avoir injecté dans le système d’information de Pixmania de faux numéros de tracking laissant croire que les produits avaient été livrés.

De la croissance rentable cette année

Désormais installés à Gennevilliers – à quelques encablures de leur ancien siège social d’Asnières- sur-Seine –, les 40 collaborateurs rescapés de la liquidation de Pixmania s’attachent à mettre en œuvre les synergies attendues par Olivier de Trémaudan avec Vente du Diable. Ce dernier continuera son activité de déstockage dédiée aux produits reconditionnés ou de second choix mais aura sa propre place de marché dès que son système aura pu converger avec celui de Pixmania. De son côté, Pixmania deviendra l’enseigne premium de VDD. Dédiée aux produits technologiques haut de gamme, elle engagera les clients via sa place de marché mais également via des sessions de ventes privées. Sur l’exercice en cours, VDD espère maintenir un volume d’affaires de 60 M€ pour Pixmania et porter ses propres ventes autour de 35 M€ pour une exploitation positive.