Autant le dire d’emblée, le possible adossement à Lenovo de l’activité PC de Fujitsu révélé la semaine dernière par le quotidien économique japonais Nikkei n’a surpris personne parmi les partenaires ayant accepté de s’exprimer sur le sujet. Ils n’en font d’ailleurs pas mystère : avant même la publication de cette information, tous avaient déjà anticipé une telle éventualité en travaillant sur des offres alternatives. « La marque est fragilisée par sa position de challenger, très éloignée de celle des leaders du marché », confie l’un d’eux, dont Fujitsu reste pourtant le premier partenaire sur les postes de travail et les infrastructures.

« Fujitsu manque de notoriété et n’apparaît plus comme un constructeur suffisament attractif aux yeux de clients formatés par la presse et les médias pour acheter les standards Dell ou HP », regrette pour sa part le patron d’un revendeur mosellan, pourtant ancien inconditionnel de la marque. La disparition du partenariat avec Siemens, la complexité du configurateur mis à la disposition des partenaires pour bâtir des offres à la carte et l’assèchement des marges sur le négoce, qui ne permettent plus nourrir les commerciaux, ont eu raison de la motivation de ces derniers et ont convaincu le revendeur de se tourner vers des constructeurs concurrents.

L’éventuelle disparition de la marque, du moins sur les postes de travail, serait un véritable crève-cœur pour les partenaires pour qui elle conserve des atouts indéniables : la qualité de ses produits, la compétence de ses équipes, mais aussi la localisation de son site de production et de son centre de R&D, tous les deux implantés en Allemagne, ce qui présente de nombreux avantages en termes de logistique et de SAV… Une nouvelle consolidation pourrait également contribuer à réduire le choix et la concurrence sur ce marché. Autre inquiétude exprimée par les partenaires : puisque le marché des terminaux numériques et des postes de travail ne permet plus aux constructeurs de générer suffisamment de marge pour vivre, faut-il que les partenaires continuent à en vendre sans risquer de disparaître eux aussi ?

Dans un e-mail envoyé aujourd’hui aux partenaires, Didier Halbique, directeur des ventes de Fujitsu France se veut rassurant. Il souligne « l’engagement de Fujitsu quant à son activité PC », se disant garant de sa capacité « à délivrer tous les contrats sur lesquels [la société est] engagé[e] » et réfute « les spéculations de la presse expliquant que [Fujitsu] cherche à quitter le marché du PC ». Il accompagne néanmoins son mail d’un communiqué officiel en anglais de sa maison mère japonaise précisant que, bien que les articles de presse relatifs à son activité business « ne sont basés sur aucune communication officielle » de sa part, elle « considère différentes options, y compris celles qui ont été avancées par la presse » – en l’occurrence l’adossement à Lenovo.

Reste que les messages envoyés ces derniers jours au marché, à savoir l’annonce de licenciements massifs au Royaume-Uni (18% des effectifs) et la suppression de plusieurs centaines de postes en Allemagne, ne sont pas de bon augure pour la suite des événements.