» Numergy : combien de temps ses actionnaires sont-ils encore prêts à le soutenir ? « , titrions-nous mi-septembre. « Le scénario le plus crédible c’est que Numergy ne va pas tarder à manquer de liquidités et que personne ne veut plus remettre dans ce puits sans fond », affirmait dans nos colonnes un infogéreur approché pour discuter d’une reprise du cloud souverain, battant ainsi en brèche l’optimisme – probablement de façade – du PDG de Numergy, Philippe Tavernier. Ce dernier avait auparavant démenti le contenu d’un article alarmiste publié dans l’usine Digitale. Nos confrères y affirmaient que l’Etat, actionnaire de Numergy à hauteur de 33 % à travers la Caisse des dépôts, avait interrompu son financement et que Numericable-SFR, désirait quant à lui se débarrasser des 47% du capital qu’il détient.

Un peu plus d’un mois après, les Echos nous apprennent que Numergy s’est placé en procédure de sauvegarde pour une durée de six mois, ce qui lui permet de suspendre le paiement de ses dettes. Philippe Tavernier justifie sa décision par   » un désaccord entre actionnaires sur la stratégie d’investissement et sur leurs obligations à libérer du capital « , ce qui semble confirmer les informations de l’Usine Digitale.

Les Echos confirment d’ailleurs que l’Etat a injecté ce qui restait des sommes attribuées aux deux clouds souverains, Numergy et Cloudwatt, à d’autres projets. Et on voit mal SFR-Numericable continuer à injecter de l’argent dans un abîme sans fond. Ce n’est pas dans les habitudes de Patrick Drahi plutôt empressé lorsqu’il s’agit de serrer les boulons. La direction de l’opérateur a sobrement expliqué qu’elle travaillait à prérenniser l’entreprise.  Quant aux troisième actionnaire, Atos – désormais propriétaire de Bull – il s’est contenté d’affirmer qu’il comptait sortir de la période de sauvegarde avant Noël.

Lors de son lancement en 2012, Numergy avait pour ambition d’atteindre un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros et 400 empois créés. L’an dernier, le compteur s’est arrêté à 2 millions d’euros. Et cette année il ne devrait pas progresser au-delà de six millions d’euros pour un effectif de 76 emplois. Bref, on est loin du compte.

Après l’échec de Cloudwatt, avalé par Orange, on semble donc s’acheminer vers une cession, voire une liquidation pure et simple de Numergy,. Dans les deux cas le cloud souverain  » à la française  » aura fait long feu.