Nous avons demandé à Loïc Rivière, délégué général de l’AFDEL (Association Française des Éditeurs de Logiciels), son avis sur le volet numérique complètant le plan de relance gouvernemental.

 

Channelnews : Que pensez-vous de l’ajout par Nathalie Kosciuscko-Morizet, d’un volet numérique au plan de relance du gouvernement ?

Loïc Rivière : On reconnaît au ministre d’avoir souhaité ce volet et d’avoir mis en place certaines mesures. Ce n’était pas gagné, car le gouvernement à une vision plutôt traditionnelle des secteurs pouvant relancer l’économie et a plutôt l’habitude de sauver ce qui peut l’être.
Bien sûr, le secteur numérique traverse mieux la crise que d’autres.

On ne peut toutefois que regretter que le gouvernement n’ait pas saisi l’occasion de prendre des mesures en sa faveur, car le secteur numérique permet de sortir plus rapidement de cette crise grâce aux gains de productivité qu’il apporte. C’est ce qu’ont compris les gouvernements américains et japonais et, je crois, le gouvernement allemand, lesquels ont adopté des mesures en faveur du numérique.

 

Vous n’êtes donc pas totalement satisfaits ?

Loïc Rivière : Nous sommes mi-figue, mi-raisin. Nous sommes satisfaits qu’il y ait des mesures, notamment en faveur du logiciel. C’est inédit car le gouvernement, lorsqu’il évoque le numérique, ne se préoccupe généralement que des infrastructures et d’Internet, et peu des usages.

Nous aurions cependant souhaité des investissements publics pour améliorer les services aux usagers, ce qui aurait permis aux entreprises du secteur numérique d’innover. Nous pensons par exemple a l’e-administration – domaine dans lequel nous ne sommes pas en avance en France -, au green-IT, à l’e-santé ou à la télé-médecine qui sont des leviers de croissance. Il faut que le gouvernement engage un programme spécifique sur le sujet.

Nous nous réjouissons toutefois des investissements consentis en faveur de la simulation logicielle avec le serious gaming. Nous souhaitons également que l’État mette en place une une sorte de crédit d’impôt en faveur des entreprises qui investissent dans du matériel informatique, des solutions métiers, l’e-business etc.

 

Que comptez-vous faire à présent ?

Loïc Rivière : Nous allons faire notre métier. Nous avions remis au prédécesseur de Nathalie Kosciuscko-Morizet, Éric Besson, un ensemble de propositions dont certaines ont été retenues pour le Plan numérique 2012, d’autres non. Nous allons insister pour que celles-ci soient prises en compte.

Nous travaillons aussi sur la fiscalité du logiciel. Nous nous sommes aperçu qu’il n’était pas très intéressant fiscalement de commercialiser du logiciel en France.

Il y a aussi la problématique de l’aide publique. Celle-ci est trop peu utilisée par les éditeurs qui font de la recherche. La conception de la R&D retenu par l’administration exclut nombre de phases du développement logiciel. Il y a donc peu d’acteurs éligibles. D’autre part, l’octroi d’un crédit recherche peut déboucher sur un contrôle fiscal qui peut le remettre en cause. C’est dissuasif pour beaucoup d’éditeurs.

Nous nous préoccupons également de l’éducation afin d’offrir des formations adaptées au secteur de l’édition. C’est pourquoi nous travaillons sur l’Université du logiciel dont certains éléments ont été repris dans le Plan numérique 2012.

 

Que pensez-vous du volet de la loi de modernisation de l’économie qui permet aux PME innovantes d’avoir accès aux marchés publics ?

Loïc Rivière : Nous allons voir comment ça marche. C’est de toute façon une heureuse initiative. Pour une fois tout n’est pas tout blanc ou tout noir. Il y a des avancées, mais insuffisantes. Comme le dit notre président : « Le numérique est partout. Quand on réfléchit à un mesure en faveur de l’industrie, il faut réfléchir à son volet numérique. »