La crise profite à Jeeves. Bénéficiant d’une forte réserve en liquidité, l’éditeur suédois d’ERP, saisit l’occasion pour réaliser des acquisitions d’éditeurs dont les logiciels sont complémentaires du sien.

 

Jeeves a racheté cet été Logit, un fournisseur de solutions de logistique transport, avec lequel il était en train de négocier une alliance. Il en va de même avec le rapprochement, puis l’acquisition des logiciels Amase (planification graphique) et Stock Wizard (logistique et optimisation de finances) édités par 2*PRO. « Nous sommes entrés dans une phase d’achats massifs. La raison est que nous considérons que notre ERP est désormais mature en termes de fonctionnalités (finances, production, calcul des besoins, etc.). Tout ce qui constitue le cœur des applications ne connaît plus vraiment d’innovations. C’est dans les domaines périphériques (gestion d’entrepôts, planification graphique, dématérialisation de documents, etc.), qu’il faut à présent trouver des outils d’augmentation de performance des ERP », constate Raphaël d’Halluin, directeur général de Jeeves France.

 

Une forte réserve de liquidités

 

Pour enrichir leur ERP, les éditeurs comme Jeeves se retournent habituellement vers des logiciels tiers (sur le mode best of breed), avec lesquels ils concluent des alliances. L’an passé, Jeeves s’est ainsi allié avec des éditeurs de logiciels complémentaires comme Stream Serve (dématérialisation de factures), ou Skype, qu’il a intégré de manière très poussée pour les télécommunications intersites. Toutefois, la crise financière est passée par là. Du coup, le Suédois qui dispose d’une forte réserve de liquidités, endosse le rôle du prédateur vis à vis de sociétés cotées au cours de bourse tombé sous leur véritable valeur.

 

Jeeves ne se contente pas de faire ses emplettes en période de crise, il investit le différentiel payé et la valeur réelle en condition économique normale dans le développement de la société rachetée. Cette politique, l’éditeur est sur le point de la relayer en France, où il a en vue deux acquisitions, « l’une que nous comptons concrétiser d’ici à la fin de l’année, avec une société qui fournit des tableaux de bord d’entreprise aux dirigeants, l’autre avec un éditeur de logiciels de gestion dédiés aux entreprises de services et qui complèterait bien notre offre ».

 

Pas de changement pour le réseau

 

Ces rachats n’auront aucun impact négatif sur les partenaires de Jeeves, parmi lesquels les principaux sont IBM, Ambassade, Prophea, Pro-G dans le Nord, Atika en Rhône-Alpes. Au contraire. Beaucoup de ses intégrateurs revendent déjà les logiciels rachetés. « Cela simplifiera même pour eux la relation avec les éditeurs, puisqu’ils qu’ils n’ont plus qu’un seul interlocuteur » et permettra de revaloriser l’offre, vers les services, là où les ERP conservent une image de logiciels industriels.

 

Raphaël d’Halluin note enfin que la demande d’ERP explose. « Les avant-ventes de la fin d’année sont massives. Malheureusement, il y peu de chances de concrétiser, car tout le monde attend les résultats du quatrième trimestre. Les ventes d’ERP connaissent deux périodes pour les ventes : décembre et juin », conclut-il.