La filiale française de l’américain Systemax est la victime collatérale des difficultés du groupe. Alors qu’elle est rentable et en croissance, l’entreprise va supprimer une vingtaine de poste.


Les instances représentatives d’Inmac Wstore ont annoncé aujourd’hui la suppression programmée d’une vingtaine de postes (soit environ 5% de l’effectif) dans le cadre d’une délocalisation en Hongrie de certaines fonctions de back office. Dans le rouge depuis un an, sa maison mère, l’américain Systemax, a demandé dès l’automne dernier à toutes ses filiales de réaliser des économies, y compris à celles qui restent bénéficiaires comme en France.

Avec une profitabilité de l’ordre de 2,5% du chiffre d’affaires en 2012, Inmac Wstore est en forme. Et, contrairement à sa maison mère, la société reste en croissance : +8% en 2012 à 244 M€. Même 2013 se présente sous de bons auspices. L’effectif du service commercial s’est étoffé de près de 10% au cours des derniers mois et une dizaine de recrutements sont encore programmés pour la rentrée.

Alors pourquoi supprimer des postes dans ce contexte favorable ? C’est la question qui taraude les salariés et leurs représentants. Ces derniers pointent les dangers de cette réorganisation pour l’entreprise, l’absence de justification économique et sa mauvaise préparation. Visés par les suppressions de postes : l’équipe en charge de l’informatique interne, le service paye et les infographistes. Le processus de délocalisation aurait dû être achevé au 30 juin. Or, hormis peut-être pour la paie, rien n’est prêt.

« Alors que l’entreprise est certifiée ISO 9001, aucun document ne décrit par exemple les procédures selon lesquelles seront désormais fabriqués les catalogues depuis le centre de services de Budapest en lien avec les chefs produits et les fournisseurs restés en France », relève un représentant du comité d’entreprise. Une absence de procédures qui mettrait en danger la sortie du catalogue de septembre si le service infographie France devait être fermé cet été.

Mêmes interrogations pour l’informatique : le système utilisé par la filiale française lui est spécifique. Or il est prévu de basculer sur l’informatique du groupe. Un système qui représenterait un bond en arrière de l’aveu même de ceux qui l’ont testé. Quant aux gains de productivité invoqués pour justifier tous ces chambardements, personne n’aurait réussi à les démontrer. En vertu de quoi, les instances représentatives se disent prêtes à saisir la justice pour empêcher le processus d’aller à son terme et protéger l’emploi de tous les salariés.

Car, au-delà des problèmes d’organisation engendrés par ces suppressions de postes, les instances représentatives s’interrogent : la filiale française compte une centaine de postes potentiellement délocalisables. Or, comme un manager européen de l’entreprise l’aurait laissé entendre à l’expert du comité d’entreprise, une deuxième vague de délocalisations serait envisagée dès lors que la première aura atteint les objectifs attendus. De quoi faire réfléchir.