Créée il y a un an, la startup Softcorner se positionne sur le marché naissant de la vente de logiciels d’entreprise de seconde main et entend en devenir l’un des acteurs de référence. Présentation.


Le marché secondaire des logiciels n’a été légalisé qu’en 2012 par un arrêt de la cour de justice européenne et reste largement à construire. C’est en tout cas la conviction des fondateurs de Softcorner, une startup lancée il y a un an par Benjamin Le Pendeven et Habibou M’Baye pour occuper ce nouveau créneau au côté de l’acteur historique, l’allemand UsedSoft.

Mais contrairement à ce dernier, qui s’est développé sur un modèle d’achat-revente traditionnel, Softcorner a adopté un modèle de place de marché consistant à mettre en relation les entreprises disposant de licences logicielles inutilisées avec les acheteurs potentiels. La société se rémunère en prélevant une commission sur les transactions générées.

Un catalogue illimité

Avantage de ce modèle : le catalogue n’est pas limité par la capacité de l’entreprise à financer le stock. Celui-ci est potentiellement illimité. Se basant sur différentes études en provenance des éditeurs de solutions de gestion de parc logiciels, SoftCorner estime ainsi qu’environ un quart des licences logicielles souscrites par les entreprise sont inutilisées, la plupart du temps à la suite de leur décommissionnement (passage à une version ultérieure ou à une offre concurrente).

Un gisement qui ne demande qu’à être exploité. Softcorner leur propose de valoriser cet actif en le mettant en vente sur son site 40% à 70% moins cher qu’au tarif plein. La startup fait le pari qu’en créant ainsi l’offre, la demande suivra rapidement, les entreprises étant toujours à la recherche d’alternatives pour réduire leurs coûts.

Un stock qui dépasse déjà 1 M€ de valeur

Encore en phase d’amorçage, Softcorner s’emploie actuellement à étoffer son stock de licences. Celui-ci représente d’ores et déjà une valeur supérieure à 1 M€. Mais la société souhaiterait atteindre rapidement les 3 M€ de valeur de stock.

Pour cela, SoftCorner mise principalement sur les grands comptes « qui ont tendance à suracheter et qui accumulent les licences inutilisées », constate Habibou M’Baye. SoftCorner est en contact avec une vingtaine de société du CAC 40 et collabore déjà avec plusieurs d’entre elles. À l’autre bout du spectre, les PME constituent sa cible de revente privilégiée. SoftCorner assiste également à l’installation d’un flux des pays de l’Ouest de l’Europe vers ceux de l’Est.

À noter également que SoftCorner s’emploie à constituer un réseau de partenaires susceptibles de promouvoir sa plateforme. La startup a imaginé un programme de remises sur les commissions générées. Plusieurs sociétés de conseils spécialisées en gestion des licences logicielles, telles que Sia Partners, Elée ou Amethyste, se sont déjà rapprochées de la place de marché, qu’elles voient comme un outil pour optimiser le retour sur investissement qu’elles apportent à leurs clients.

Des éditeurs en retrait mais qui ont tout à y gagner

Pour l’instant, la startup n’a pas de relation avec les éditeurs qui restent en retrait de son projet. Mais SoftCorner les considère d’ores et déjà comme des partenaires, convaincu qu’ils finiront par trouver leur intérêt dans le marché secondaire et par monter dans le train en marche.

« Comme dans le secteur automobile, le marché secondaire est susceptible de fluidifier le marché de la première main en redonnant du pouvoir d’achat aux acheteurs et en accélérant la rotation du parc, analyse Habibou M’Baye. Les éditeurs y ont d’autant plus d’intérêt qu’en réactivant leurs licences, SoftCorner va contribuer à soutenir leurs ventes de maintenance. »

Le marché secondaire contribue à limiter le piratage

Enfin, dernier argument en faveur de l’avènement du marché secondaire : il permet de limiter le piratage en offrant des alternatives moins coûteuses aux entreprises et en les conduisant à adopter une conduite plus vertueuse en la matière. « Car, pour bien valoriser son parc, il faut bien le connaître. Ce qui limite les risques d’utilisation de logiciels sans licence », souligne Habibou M’Baye.

Mieux, en alidant l’éligibilité à la vente des licences et des vendeurs et en s’assurant que les transactions se font de manière respectueuse de la propriété intellectuelle des éditeurs, la startup contribue à « normaliser le marché », conclut-il.