Après dix-huit années, l’assembleur bordelais vient de cesser son existence faute d’avoir trouvé les 200.000 € nécessaires à sa survie. Avec sa liquidation, c’est l’un des derniers assembleurs français qui disparaît.

 

Peristyle avait su résister aux diktats de la grande distribution, à l’éclatement de la bulle Internet, à la généralisation des PC portables et même à la guerre des prix orchestrée par les leaders mondiaux du PC. C’est finalement l’avènement surprise des netbooks qui lui aura été fatal.

Créée en 1992 sous la raison sociale Périmètre, la société Peristyle, spécialisée dans l’intégration de PC, a été liquidée le 31 mai dernier, laissant un passif d’environ 600.000 € et entraînant le licenciement de sa vingtaine de salariés. Depuis le mois de février, elle faisait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire et se débattait avec des problèmes de trésorerie.

En 2008, la société avait entrepris de se retirer du marché grand public, l’un de ses marchés historiques, pour se concentrer sur sa clientèle professionnelle, constituée de revendeurs, de SSII mais aussi d’industriels, un marché un plein développement et surtout plus lucratif.

Mais ce désengagement devait être progressif. Ayant investit dans une chaîne de production de portables d’intégration, la société continuait d’approvisionner quelques enseignes triées sur le volet qui lui assuraient des débouchés réguliers et profitables. L’irruption mi-2008 des netbooks a tari du jour au lendemain cette source, lui faisant perdre plus de 30% de son chiffre d’affaires et plombant son résultat d’exploitation.

L’exercice clos fin juin 2009 se solde par une perte de 429.000 € (dont 150.000 de restructuration) pour un chiffre d’affaires de 4,8 M€ (contre 7,3 M€ un an plus tôt et jusqu’à 50 M€ dans les années fastes). Restructurée, ayant gardé la confiance de sa clientèle professionnelle et, à ce titre, bénéficiant de bonnes perspectives de développement, notamment sur le secteur industriel, la société se tourne alors vers son principal partenaire financier (et actionnaire à 30%) pour obtenir les 200.000 € nécessaires à la reconstitution de ses fonds propres.

Mais, malgré les 80.000 € d’argent frais que le dirigeant Luc Malgras est prêt à apporter au capital et le soutien d’Oseo, la banque se contente pour toute réponse de renvoyer un chèque non approvisionné de 1.200 €, enclenchant le processus de désagrégation. « La banque ne nous a jamais donné d’explication, s’indigne Luc Malgras. C’est d’autant plus incompréhensible qu’il lui suffisait de réétaler la dette sur cinq ans au lieu des deux ou trois qu’il nous restait à rembourser pour dégager les ressources nécessaires à la poursuite de l’activité ».

La meilleure preuve de la pérennité de la société, c’est que l’activité continue aujourd’hui grâce à la détermination de deux anciens salariés, le directeur technique, Christophe Rambeau et le responsable du SAV, Michel Requier, qui se sont associés avec la gérante d’une entreprise locale, Cynthia Choffel, pour tenter de sauver les projets qui pouvaient encore l’être. Leur société a été baptisée LC Informatique et elle a déjà rembauché cinq des anciens salariés de Péristyle, donc Luc Malgras.