Le nombre de demandeurs d’emploi dans l’IT a continué d’augmenter sur les trois premiers mois de l’année. Et l’excédent de jeunes diplômés au regard des créations nettes d’emploi pourrait alourdir encore les statistiques.


En apparence, le nombre de demandeurs d’emplois baisse dans l’IT. Depuis janvier dernier, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (n’ayant exercé aucune activité) dans le domaine des systèmes d’information et de télécommunication est passé de 34.700 à 33.500, selon le ministère du travail. Soit une baisse de 3,4% en trois mois.

Mais cette catégorie systèmes d’information et de télécommunication ne recouvre pas tous les métiers de l’IT, rappelle Régis Granarolo, président du Munci. Il manque la catégorie maintenance informatique et bureautique. Le nombre de demandeurs d’emplois dans cette catégorie, qui n’est établi qu’une fois par trimestre, vient juste de tomber : il était de 17.868 à fin mars. À cette date, le nombre total de demandeurs d’emploi de catégorie A dans les métiers de l’IT était donc de 52.019. Soit 0,9% de moins qu’à fin décembre (52.401).

Mais si l’on comptabilise toutes les catégories de demandeurs d’emplois, notamment ceux ayant exercé une activité (catégories B et C) mais aussi ceux dispensés d’actes positifs de recherche (catégories D et E), on obtient une hausse de 0,5% sur la période (avec 78799 demandeurs d’emplois recensés par Pôle emploi). Une hausse qui s’explique notamment par l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi en stage, en formation ou bénéficiaires d’un contrat aidé.

Ainsi, non seulement le chômage ne reflue pas dans l’IT mais il continue d’augmenter (légèrement). Et, malgré des signes encourageants, comme la baisse des demandeurs de catégorie A, la (timide) reprise économique, l’augmentation du nombre d’offres d’emploi, la tendance pourrait rester à la hausse dans les prochains mois.

C’est en tout cas la crainte de Régis Granarolo, qui remarque qu’avec la faiblesse actuelle du nombre de créations nettes d’emplois, le nombre de jeunes diplômés arrivant sur le marché du travail excède largement sa capacité d’absorption. Selon les estimations de l’organisation professionnelle (qui se fonde sur les statistiques du ministère de l’Education nationale), 18.000 jeunes diplômés issus des différentes filières préparant aux métiers des technologies de l’information et de la communication débarquent chaque année sur le marché du travail.

Or, rappelle Régis Granarolo, actuellement, le secteur IT ne crée au mieux que 7.000 à 8.000 nouveaux emplois* chaque année (10.000 en incluant les autres métiers du numérique). C’est deux fois moins qu’il y a quelques années. Résultat : un excédent de jeunes diplômés qui vient gonfler les statistiques chaque année du chômage à la période de la rentrée (lire à ce sujet l’excellent dossier du Munci : la face cachée du marché du travail en informatique).

Et malheureusement cette faiblesse de la création d’emplois pourrait durer encore quelques années. Dans son contrat d’études prospectives du secteur professionnel du numérique sorti en décembre dernier, le Syntec évalue à 36.000 le nombre d’emplois qui seront créés dans le secteur au cours des 5 prochaines années (soit 7.200 par an en moyenne). Une étude qui confirme la prévision du ministère du travail en 2012 qui estimait à 8.000 le nombre de créations nettes d’emplois dans le secteur sur la période 2010-2020. Et dans sa dernière édition, l’usine nouvelle estime à moins de 50.000 le nombre d’emplois qui seront créés dans le numérique entre 2012 et 2018. On est bien loin des 450.000 créations nettes d’emplois que McKinsey annonçait dans le numérique entre 2011 et 2015 dans une étude parue en 2010.

* Un chiffre compatible avec les dernières statistiques divulguées en avril dernier par le Syntec qui indiquaient que le secteur activités informatiques et services d’information (qui regroupe environ 365.000 salariés) avait vu son effectif net progresser entre 1,7% et 2% en 2013, ce qui représente 6 à 7.000 emplois supplémentaires. L’Insee évalue de son côté à 600.000 le nombre de professionnels relevant des métiers de l’IT.