Pour contrebalancer l’érosion de ses ventes, le constructeur vient d’acquérir – fort cher – une SSII surtout présente sur le marché US. Achat raisonné ou mauvaise opération dictée par ses concurrents ?

 

Dell ne cachait pas sa volonté de se renforcer dans les services pour affronter une décroissance irrémédiable des ventes d’ordinateurs. On évoquait de temps à autre le nom d’Atos. C’est finalement Perot, une SSII fondée par celui qui fut deux fois candidat malheureux aux élections présidentielles américaines, qui tombe dans l’escarcelle du constructeur. Un achat qui ressemble plus à un mauvais feuilleton texan – Dell et Perot étant tous les deux originaires de cet état – qu’à un achat raisonné.

 

Tout d’abord le prix pose problème. Le constructeur a en effet déboursé 3,9 milliards de dollars – soit une prime de 67,5% par rapport à la valeur de la société – pour emporter l’affaire face à HP et à IBM. On peut d’ailleurs se demander si Dell n’a pas été victime d’un jeu de dupes ou d’une partie de poker menteur. Autre inconvénient : à l’opposé d’un EDS, Perot est quasiment un inconnu en dehors du continent nord-américain (l’Irlande, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la Roumanie constituant sa base européenne). Tout est donc à construire avant de s’attaquer au marché des services des autres continents.

Cela dit, cet achat offre malgré tout quelques avantages. Dell a certes payé cher mais il se trouve encore à la tête d’un beau pactole lui permettant de nouvelles emplettes. Il avait en effet provisionné 10 milliards de dollars pour faire son marché. Ensuite, Perot est bien présent sur le marché gouvernemental US, très actif en ce moment. D’ailleurs – et ce n’est pas le moindre de ses avantages – la société a engrangé au cours de son dernier exercice fiscal 2,8 milliards de dollars, un chiffre d’affaires en hausse de 6,4% sur un an. Enfin, Perot a une présence en Chine (à Pékin et à Shangaï), un marché qui intéresse au plus haut point le constructeur.

Reste à savoir si le slogan « strong together » adopté par les deux tourtereaux pour fêter leur alliance se vérifiera bel et bien dans la durée. En attendant le constructeur essaye de rassurer ses partenaires. Greg Davis, responsable channel, a expliqué que cette opération n’aurait que peu d’impact sur leurs activités. «Nous essayons toujours de fournir le meilleur portefeuille de produits et de services à nos partenaires et à leurs clients », a-t-il sobrement commenté.