Olivier Huart, pdg de BT France, revient sur la stratégie de l’opérateur. Suite au rachat de Net2S et la division infrastructures critiques de CS il y a un an, BT France a triplé son effectif et plus que doublé ses revenus.

 

Channelnews.fr : Vous avez souhaité réagir aux propos de Hughes Meili de Niji (voir interview) stigmatisant la politique de rachat de sociétés de services informatiques par BT. A-t-il mal interprété votre stratégie ?

Olivier Huart : Je respecte l’opinion d’Hughes Meili mais je ne peux pas lui laisser dire que les nombreuses sociétés que nous avons rachetées au cours des trois dernières années sont des SSII. Certes, la plupart de ces sociétés ne sont pas des acteurs purement télécoms. Mais leur métier n’est pas de « pisser du code ». Elles ont toutes vocation à faire du « build et du run » de plates-formes de réseaux, de sécurité, de mobilité, d’hébergement ou de CRM. Ainsi, nos deux principales acquisitions en France ont été la division infrastructures critiques de CS le 1er décembre 2007 et Net2S le 15 janvier 2008. La première est orientée insourcing et outsourcing de centres de données et réseaux, tandis que la seconde est spécialisée dans le conseil et l’ingénierie en technologies d’infrastructures réseaux, de sécurité et en business intelligence.

 

Que vous apportent ces acquisitions et quelle stratégie servent-elles ?

Olivier Huart : Notre objectif est de nous imposer comme l’acteur de référence dans ce que nous appelons les Network IT Services, c’est-à-dire les services d’infrastructures télécoms et informatiques. Nous ne nous positionnons plus seulement comme un fournisseur de fibre optique mais nous incluons cette offre dans une gamme de services globale visant à gérer le système nerveux réseau et informatique de nos clients afin de leur garantir que leurs applications tournent avec le même niveau de disponibilité sur tous leurs sites. Cette stratégie est exactement celle qu’Orange est en train de mettre en œuvre en France. Ces rachats nous ont ainsi permis de nous hisser au troisième rang français sur ce marché des network IT services derrière Orange et IBM Global Services en triplant notre effectif et en multipliant notre chiffre d’affaire par 2,5. La France constitue désormais le troisième pays le plus important pour BT après le Royaume Uni et les USA avec 2 900 collaborateurs et 450 M€ de chiffre d’affaires.

 

Pourtant, le départ de François Barrault de son poste de CEO de la division Global Services de BT et l’annonce de 10 000 suppressions d’emploi ne sanctionnent-ils pas l’échec de ce modèle ? Comment comptez-vous rétablir votre rentabilité ?

Olivier Huart : Après l’ultra-croissance, la période est incontestablement à la consolidation. François Barrault a été pénalisé pour n’avoir pas su mener à bien celle-ci suffisamment rapidement. C’est pour accélérer cette rationalisation des produits, des processus et des systèmes que Hanis Lalani, qui occupait jusqu’ici les fonctions de directeur financier, lui a succédé. Nous avons passé des accords avec de grands fournisseurs tels Alcatel-Lucent ou HP pour rationnaliser nos réseaux et nos datacenters. En France, nous avons achevé ce processus d’intégration : les équipes commerciales, opérationnelles et management des différentes entités rachetées sont désormais regroupées sous une bannière unique mais nous avons gardé les datacenters, les deux principaux étant ceux de Paris et Villeurbannes. Les suppressions d’emploi annoncées devraient essentiellement toucher la Grande Bretagne.

 

La crise ne risque-t-elle pas de remettre en cause votre plan de marche ?

Olivier Huart : La crise représente à la fois une menace et une opportunité. Nous tablons sur l’effet amortisseur de nos activités traditionnelles télécoms, qui se caractérisent par leur récurrence. Et nous pensons que nos activités services vont se renforcer chez les clients où nous sommes déjà implantés car ceux-ci vont avoir tendance à réduire le nombre de leurs prestataires au profit de ceux qui ont la stratégie la plus claire et qui sont les mieux structurés. Nous avons des atouts forts. C’est dans les turbulences que naissent les opportunités. Sébastien Josse, notre Skipper du Vendée Globe vient de le démontrer de manière éclatante en prenant la tête de la course à l’approche des quarantièmes rugissants. Sur notre exercice fiscal 2008-2009 qui s’achèvera le fin mars, nous tablions initialement sur une croissance à deux chiffres et nous maintenons nos prévisions.