ATF est spécialisé dans le recyclage du matériel informatique. Son président Sylvain Couthier nous parle de l’implication de la société en matière d’environnement et d’économie solidaire.

 

 

La crise est-elle une période propice pour la revente de matériel valorisé ?

 

Sylvain Couthier : Pas forcément car nous constatons une baisse significative de la vente de matériel neuf, les entreprises conservant plus longtemps leurs anciens équipements. Il y a donc moins de matériels à valoriser. Déjà 2008 fut une année difficile car nous sommes plutôt orientés vers les grosses structures. Or leurs cycles de décision se sont allongés à cause de la crise.

 

Ceci dit, 2008 ne fut finalement pas une si mauvaise année pour ATF puisque nous avons changé de modèle économique en mettant le développement durable au cœur de notre activité. Nous nous sommes également plus impliqués dans l’économie sociale et solidaire. C’est une évolution logique de ce que nous faisions depuis une dizaine d’années. L’environnement et l’aspect social sont aujourd’hui des accélérateurs de business et de signatures de contrats. Cela nous laisse de bonnes perspectives pour 2009.

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre engagement solidaire ?

 

Sylvain Couthier : Nous avons créé Gaïa, une filiale d’ATF, laquelle contractualise et assure le traitement des parcs informatiques que nous reprenons, depuis la micro jusqu’aux équipements télécoms et réseaux. Nous avons démarré en octobre 2008 avec 8 salariés mais nous allons embaucher cette année une vingtaine de travailleurs handicapés avec pour objectif à plus long terme 40 salariés en difficulté. Nous avons donc une politique d’embauche forte.

 

Cela pose des problèmes d’intégration, notamment en matière de suivi et d’adaptation au poste de travail. Cela nécessite aussi l’implication de l’ensemble des travailleurs de l’entreprise. C’est une valeur forte, partagée aujourd’hui par tout le monde et qui a créé une certaine émulation.Pour les clients, c’est un élément différenciateur. Nous avons déjà une expertise reconnue par les entreprises et les constructeurs. Si en plus nous sommes portés sur le social c’est mieux.

 

Gaïa s’appuie aujourd’hui sur deux jambes qui sont la loi handicap et la directive déchets d’équipements électriques et électroniques. Contrairement à ce qui se fait pour le grand public n’y a pas d’éco-organismes pour récupérer les déchets des entreprises, ces dernières doivent donc passer par des entreprises comme la nôtre.

 

Pourquoi avoir choisi la solidarité ?

 

Sylvain Couthier : A l’origine d’ATF, les dirigeants voulaient déjà s’impliquer dans l’environnemental et le social, sans doute pour des raisons personnelles. Depuis 12 ans, nous avions un accord avec une entreprise de réinsertion. La création de Gaïa est donc une évolution logique de ce passé. Nous voulions aller plus loin dans notre démarche. Il faut savoir que le taux de chômage des handicapés est deux fois plus important que celui des salariés lambdas. On ne pouvait pas rester insensibles à cela. On s’est également aperçu que cela intéressait également les fournisseurs, les clients et les collectivités territoriales. Nous travaillons d’ailleurs en étroite collaboration avec ces dernières qui prennent en charge l’aspect logement.

 

Comment écoulez-vous les matériels récupérés ?

 

Sylvain Couthier : Nous nous appuyons sur un réseau de revendeurs pour les matériels reconditionnés. Les pièces détachées sont quant à elles destinées à la maintenance. Il y a une différence entre les différentes sortes de matériels. Les équipements réseaux ont ainsi une obsolescence moins rapide que les micros qui finissent généralement dans le recyclage des matériaux. Après 6 ans, une baie de stockage n’est pas une antiquité.