L’introduction en bourse de Facebook vendredi 18 mai, s’est soldée par un demi-échec. Il y a des gagnants : Mark Zuckerberg, certains salariés et l’état de Californie. Et des perdants potentiels, plus nombreux.

 

Avec 16 milliards de dollars, Facebook réalise la plus grosse levée de fonds jamais réalisée au cours d’une introduction en bourse, à l’exception de Visa en 2008 qui avait récupéré de cette manière 17,9 milliards de dollars. Le réseau social est ainsi valorisé à 104 milliards de dollars.

Introduite à 38 dollars vendredi dernier (le plus haut des cours d’introduction envisagés), l’action a cependant joué au yo-yo avant de clôturer à 38,27 dollars en fin de journée, soit une modeste progression de 0,61%. On estime par ailleurs, qu’il a fallu l’intervention des banques ayant supervisé l’opération pour ne pas terminer en dessous du cours d’introduction.

Ce lundi, le titre a d’ailleurs plongé dès l’ouverture, finissant en baisse de près de 11% après avoir affiché jusqu’à -14%. À croire que les investisseurs, optimistes au point d’accepter la fourchette haute du prix d’introduction, aient pris du recul une fois l’opération lancée. Qu’est-ce qui a bien pu tempérer leur ardeur ?

Comme l’expliquait à l’Expansion, Yann Magnan, directeur du cabinet spécialisé dans la valorisation boursière Duff & Phelps, il faut pour justifier une valorisation de 104 milliards de dollars que l’entreprise, qui a réalisé un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars en 2011, multiplie ce chiffre par 100 en dix ans. Cela implique que d’ici-là elle double son nombre d’utilisateurs actuels, soit 900.000 millions, et que chacun de ces utilisateurs, qui rapportent en moyenne 4 à 5 dollars par an actuellement, fasse grimper ce chiffre à 50 dollars. Ce n’est pas impossible. Ce n’est pas non plus assuré si l’on songe qu’actuellement Google gagne en moyenne 24 dollars par utilisateur. Bref Facebook peut-être un jackpot ou au contraire une catastrophe pour l’économie IT américaine, et mondiale en général.

Autre risque et non des moindre : la poursuite de la baisse des revenus publicitaires de 7,5% enregistrée par Facebook au cours de ce trimestre. General Motors – un dinosaure de la vieille économie qui a renoué avec la profitabilité – vient ainsi de faire savoir qu’il renonçait à la publicité sur Facebook jugée trop peu rentable.

Un millier de salariés millionnaires

En attendant, il y a aujourd’hui sur le papier beaucoup de gagnants. Tout d’abord Mark Zuckerberg, qui valorise sa participation à 19,1 milliards de dollars. Il y a ensuite le millier de salariés actionnaires qui seraient devenus millionnaires grâce à cette opération qui relève autant de l’économie que de la prestidigitation  Pour les investisseurs, le gain est moins sûr. D’ailleurs certaines grandes banques actionnaires de l’entreprise ont décidé de se débarrasser d’une partie non négligeable de leurs titres pendant l’opération. C’est notamment le cas de Goldman Sachs, qui après avoir prévu de revendre 21% de ses actions, en a vendu la moitié, participant ainsi au freinage général.

Curieusement, un autre grand gagnant de l’opération pourrait être l’Etat de Californie qui devrait bénéficier d’impôts sur le revenu supplémentaires payés par les salariés actionnaires. Des salariés qui dans leur grande majorité habitent dans cet état lourdement endetté (il affiche un trou de 16 milliards de dollars).

Selon le cabinet d’analyse budgétaire du parlement de l’Etat, cité par nos confrères du Point, 2,1 milliards de dollars devraient être ainsi engrangés. Le magazine rappelle d’ailleurs que la Californie a vu ses finances gonfler de 7 milliards de dollars au cours des trois années suivant l’entrée en bourse de Google en 2004 .

Reste qu’après cette introduction boursière vertigineuse, Facebook dispose d’un joli trésor qui devrait lui permettre d’envisager quasiment toutes les stratégies possibles avec sérénité. Encore faut-il que la société fasse le bon choix.

On peut aussi rêver. Rêver que les salariés millionnaires dont nous parlions plus haut, du moins les plus entreprenants et les plus créatifs d’entre eux, utilisent leur argent pour fonder à leur tour leur start-up. Affaire à suivre donc.