GFT Resourcing est spécialisée dans le placement d’informaticiens indépendants. Son directeur, Jean-François Bodin, nous parle des avantages de ce statut pour les consultants âgés de plus de 50 ans.


Channelnews: Vous affirmez que le statut d’indépendant est en progression. Pourquoi ?

Jean-François Bodin: Le statut d’indépendant à de beaux jours devant lui. Notre société a réalisé 10 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2006 et 2010 devrait se clôturer avec un chiffre d’affaires tournant autour de 26 millions d’euros. Le marché est en croissance. Celle-ci se justifie en fonction de critères propres et à cause de raisons exogènes. Le marché répond aux besoins des individus.

Jusqu’aux années soixante, l’entreprise considérait qu’elle était en charge de la carrière des individus travaillant pour elle. Aujourd’hui, chacun doit prendre sa carrière en charge. On travaille donc plus pour soi que pour l’entreprise. Par ailleurs, à cause du problème des retraites, on ne connaît pas exactement le montant de ses revenus après la cessation d’activité. Il y a donc scission entre la notion d’emploi et la notion de travail. Les individus souhaitent garder leur autonomie. Ils décident quand et pour qui ils travaillent et choisissent leur rémunération. Ils adhèrent donc de plus en plus au statut d’indépendant.

Cela dit, c’est un statut bien présent en France mais il n’est pas aussi développé que dans les pays anglo-saxons. L’échelle est de 1 à 10.

Parlez-nous de GFT.

Jean-François Bodin: GFT Resourcing vit exclusivement du placement de freelances. Nous sommes une émanation d’un groupe allemand. Celui-ci a fait l’acquisition de filiales en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne.


Avez-vous souffert de la crise comme la plupart des SSII ?

Jean-François Bodin: La crise a également touché notre secteur d’activité. Le marché a reculé pour revenir à des niveaux de staffing d’il y a 20 ans. Dans le monde SAP par exemple, les tarifs ont chuté de 30% entre 2007 et 2009. Mais aujourd’hui, c’est la guerre des talents. C’est pourquoi les entreprises doivent faire feu de tout bois. Il y a ensuite la volonté qu’ont ces entreprises d’augmenter leur agilité. Elles préfèrent acheter des services, sauf pour leur core business.


Selon vous, le statut d’indépendant convient très biens aux seniors.

Jean-François Bodin: La France connait deux phénomènes importants: un changement en profondeur des mentalités et de la culture qui aboutit à s’éloigner du salariat, et la situation des seniors. Il existe chez nous une barrière à l’emploi des plus de 50 ans. Les entreprises sont peu enclines à les recruter. Si cette personne contacte avec l’entreprise via un contrat commercial, c’est différent puisque cette personne n’est plus salariée de l’entreprise. C’est pourquoi de plus en plus de seniors travaillent comme indépendants, soit en s’enregistrant au registre des métiers, soit en se constituant en société.

Certaines personnes ont des compétences avérées dans un domaine particulier sans pour autant savoir se vendre. Dans le statut salarié elles son considérées comme chères, ce n’est pas la même chose avec le statut d’indépendant, basé sur le principe de l’offre et la demande.

Les seniors sont-ils capables de se couler dans le moule, de se plier facilement à l’évolution des technologies ?

Jean-François Bodin: Aujourd’hui, nous devons être capables de définir des critères d’éligibilité. Ces critères relèvent à 50% de la compétence et à 50% de la facilité d’intégration. Celle-ci cause rarement de problème. Car l’indépendant à le choix : il prend ou ne prend pas une mission. D’où la nécessité de sociétés comme la nôtre.

D’autre part, par définition un consultant doit avoir un niveau d’expertise élevé. Quelqu’un qui n’a pas de valeur marchande ne prendra pas le statut d’indépendant. Plus on a de valeur, mieux c’est. Le seul problème qui peut se poser est la difficulté pour un senior à s’intégrer dans une équipe de jeunes. Très honnêtement, cela se produit rarement.

Nous rencontrons quelquefois le syndrome du manque. Le client a tendance à privilégier le surcroît de compétences afin de pouvoir évoluer rapidement. Qui peut le plus peut le moins. Très honnêtement, avec un indépendant qui a une longue expérience derrière lui, ce n’est pas une contrainte.

Nous nous attendons à un développement considérable de ce mode de contractualisation, mais pour les segments à haute qualification. Pour le reste, le salariat restera le mode traditionnel.

Lorsqu’une formation est nécessaire, c’est le travailleur indépendant qui la prend en charge ?

Jean-François Bodin: Cela dépend, il n’y a pas de règle. Si quelqu’un qui a des compétences avérées dans un domaine particulier mais qu’il lui manque quelque chose, cela se discute à trois.


Le statut d’indépendant c’est en quelque sorte le paradis des seniors ?

Jean-François Bodin: Il y a 10 ans c’était le Far West. Aujourd’hui, on est sur des autoroutes pavées. L’accroissement de l’offre et de la demande a facilité les choses.