Les fonds injectés dans les PME et les ETI par les acteurs du capital-investissement ont baissé de 38% l’an dernier. Le secteur des télécoms est particulièrement touché, celui de l’informatique nettement moins.

 

En 2012, 5 milliards d’euros de capitaux ont été levés par les acteurs français du capital-investissement. C’est ce que révèle une étude réalisée par le cabinet d’audit et de conseil Grant Thornton et l’AFIC (Association Française des Investisseurs pour la Croissance ), qui notent que ce montant marque un net recul (-22%) par rapport à 2011, « alors qu’après la chute violente en 2009, les levées étaient en reprise timide mais constante ».

En tout 6,1 milliards d’euros ont été investis l’an dernier, un montant en recul annuel de 38% et, surtout, très inférieur aux besoins en fonds propres des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) de l’Hexagone, évalué, tous secteurs confondus, à 11 milliards d’euros par an.

« Le capital-investissement français va mal, très mal. Les chiffres 2012 franchissent un nouveau cap alarmant. Alors que les entreprises françaises sont en manque de capitaux propres, que celles accompagnées par le capital-investissement affichent une croissance largement supérieure à la moyenne nationale et qu’elles sont créatrices nettes d’emplois (+76.000 en 2011), le problème réside dans l’insuffisance des fonds levé », estime le président de l’AFIC, Louis Godron qui énumère les causes de ce recul : les règles prudentielles qui frappent les investisseurs institutionnels ainsi que la situation économique de la France et de l’Europe qui détourne les investisseurs étrangers.

Ces derniers, qui ont représenté plus de 50% des capitaux levés en 2011, ne totalisent plus que 30% de la collecte 2012. Les montants en provenance d’Europe ont chuté de 43% (1 milliard d’euros en 2012 contre 1,7 milliard d’euros en 2011), ceux en provenance du reste du monde ont quant à eux été divisés par 3 (0,5 milliard d’euros en 2012 contre 1,7 milliard d’euros en 2011).

Seule petite consolation, les levées de fonds provenant du secteur public sont passées de 0,8 milliard d’euros en 2011 à 1,1 milliard d’euros l’an dernier. Cette progression ne permet toutefois pas de compenser la chute des mises des investisseurs institutionnels (banques et assurances) qui ont régressé de 43%.

Une chute de 75% dans le secteur des télécoms

Autre (petite) bonne nouvelle, le nombre d’entreprises ayant bénéficié d’un investissement reste relativement stable et élevé puisque l’an dernier 1.548 sociétés, à 79% des PME, ont été accompagnées, ce qui a malheureusement pour corollaire une baisse du ticket moyen d’investissement. Ainsi, les montants injectés supérieurs à 100 millions d’euros chutent de 59%, 95% des entreprises accompagnées recevant moins de 15 millions d’euros.

Si la baisse des montants investis concerne tous les secteurs d’activité, l’AFIC constate qu’elle est tout particulièrement prononcée dans celui des télécoms (-75%) où l’on passe de 747 millions d’euros en 2011 à 187 millions d’euros en 2012. Avec 484 millions d’euros d’investissements l’an dernier contre 615 millions d’euros un an plus tôt, le secteur informatique quant à lui marque un repli nettement moins prononcé (-21%).

Toutes les branches du capital-investissement affichent un très net recul. Les montants injectés ont dégringolé de 41% à 3,6 milliards d’euros dans le capital-transmission, de 34% à 1,9 milliard d’euros dans le capital-développement, et de 26% à 0,4 milliard d’euros dans le capital-innovation, dont c’est la plus mauvaise année depuis 2005.

L’AFIC souhaite à présent une impulsion politique forte, s’inscrivant dans le prolongement des rapports Gallois et Berger-Lefebvre, pour débloquer cette situation.

« Il est urgent de donner au marché des transactions des signaux positifs d’inversion de la tendance. La baisse des multiples observée depuis quelques mois pourrait constituer un premier élément de réponse », estime de son côté Thierry Dartus, directeur du département Transaction Advisory Services chez Grant Thornton.