Selon le cabinet d’analyse Saugatuk Technology, la fragmentation de l’Open Source, illustrée encore récemment par la création de LibreOffice, tend à détourner les entreprises du modèle ouvert.
Un pavé dans la mare. Alors que la Document Foundation semble fédérer la communauté OpenOffice, en détachant le projet des “griffes” d’Oracle, le cabinet d’analyse Saugatuck vient semer la zizanie. Selon lui (le PDF est téléchargeable après inscription), cette fondation indépendante et le fork associé LibreOffice ne sont qu’un énième exemple de la fragmentation de l’Open Source. Et dès lors, une des raisons expliquant la réticence des entreprises à embrasser le modèle ouvert. Pire, le cabinet y voit un levier direct pour Microsoft Office, que tente de remplacer la suite bureautique Open Source.
La semaine dernière, la communauté OpenOffice.org a décidé de créer une fondation indépendante baptisée la Document Foundation pour faire évoluer OpenOffice.org hors du giron d’Oracle. A la clé, non seulement une nouveau modèle organisationnel, mais également un fork de la suite bureautique, qui évoluera désormais sous le nom de LibreOffice – Oracle détenant la marque OpenOffice.org.
Choc des cultures
Pour Saugatuk, cette fondation n’est pas vraiment surprenante. “L’incapacité des communautés Open Source à se développer au sein d’importants environnements de logiciel commercial était courru d’avance”, tout en ajoutant que les communautés Open Source sont “structurées et organisées assez simplement”. Une incompatibilité inhérente, juge le cabinet, avec le modèle d’éditeur dit commercial, à la sauce Oracle, qui reste ultra-structuré, “et existe notamment pour gérer des profits, tout en dépendant de partenaires et d’actionnaires.” Un conflit permanent et construit dans la durée qui “maintiendra l’Open Source dans son statut de marché de niche”, car “la nature de l’Open Source mène à la fragmentation, qui mène elle-même à l’incertitude”.
Mais le cabinet va encore plus loin. “A y regarder de plus près, nous pouvons également voir comment ce projet constitue également une base pour d’autres forks et fragmentations. La présence et l’implication d’éditeurs pro-Open Source comme Canonical, Google, Novell et Red Hat semble apporter de la solidité au projet et garantir un avenir certain à LibreOffice. Mais rappelons qu’il s’agit d’entreprises commerciales, motivées par les profits et contrôlées par les actionnaires et les partenaires. Elles supporteront LibreOffice tant que LibreOffice contribuera directement et explicitement à leurs bénéfices”. De là, ajoute Saugatuk, les agendas et feuilles de routes de chacun étant différents, la fragmentation ne devrait aller qu’en s’accentuant.
Du petit lait pour Microsoft
Le cabinet donne enfin le coup de grâce au projet Open Source en expliquant, qu’au final, ce fork pourrait bien aider Microsoft à accroitre sa domination sur le segment des suites bureautiques, en mettant un peu plus en avant le côté “centralisé” (avec un unique interlocuteur) d’Office ainsi que la stabilité de la marque. Face à une suite Open Source toujours plus fragmentée. En clair, en faisant du “vendor lock-in” un argument !
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