La société de capital-risque Truffle Capital et le cabinet d’analyse et de conseil Groupe CXP viennent de publier leur douzième édition du « Truffle 100 France », l’observatoire des 100 premiers éditeurs de logiciels de l’Hexagone.

«2015 est un bon millésime : 9% de croissance du chiffre d’affaires, doublement des résultats, 15% d’augmentation des investissements en R&D, une belle dynamique de création d’emplois qualifiés, un effectif total de 107.000 personnes avec une très faible propension à la délocalisation… Les éditeurs de logiciels français sont exemplaires, tirent l’économie nationale vers le haut, démontrent que l’esprit entrepreneurial, la prise de risque et le pari sur l’innovation sont de vertueuses qualités porteuses de succès et de conquête. Ils défendent la place de notre pays sur l’échiquier mondial et contribuent à la renommée de la French Tech», commente le co-fondateur et directeur général de Truffle Capital, Bernard-Louis Roques.

Comme on le verra, ce tableau idyllique mérite quelques retouches.

Le chiffre d’affaires total est en croissance de 9%, sur fond de migration vers le cloud (74% des éditeurs du Top 100 disposent désormais d’une offre en Saas contre 68% fin 2014). Il passe de 11,8 milliards d’euros en 2014 à 12,8 milliards d’euros en 2015. Le chiffre d’affaires de l’édition croit également, atteignant 7,5 milliards d’euros, contre 6,6 milliards d’euros l’année précédente. Le résultat net fait encore mieux, grimpant sur un an de 599 millions à 1,186 milliard d’euros. Une évolution portée notamment par Dassault Systèmes (576,6 millions d’euros en 2015 contre 465,5 millions d’euros en 2014) et Cegedim qui passe d’une perte de 199,7 millions d’euros en 2014 à un bénéfice de 67 millions d’euros en 2015.

Dassault Systèmes, qui représente 33,7% du chiffre d’affaires, conserve sa première place. L’éditeur de solutions 3D est suivi par le nouveau groupe Sopra-Steria qui devance Murex. Cegedim précédemment deuxième du classement, descend au 4ème rang suite à la vente de sa division « CRM et données stratégiques » à IMS Health. Axway conserve la 5ème place.

Notons tout de même que la part des sociétés en décroissance passe de 1% en 2014 à 11% en 2015. Ainsi 24 éditeurs ont progressé dans le classement (ils étaient 60 en 2014), 9 ont conservé leur position (stable par rapport à 2014), 60 ont perdu au moins une place (22 en 2014), 7 sociétés sont sorties du classement (8 en 2014), dont deux suite à des rachats (Dicato racheté par Morpho et Ordirope acquis par GFI Informatique). Parmi ces entreprises, 25 sont cotées en bourse, contre 22 en 2014, mais 33 en 2012. Ce faible pourcentage traduit l’absence d’accompagnement des éditeurs par les investisseurs. Cela dit, le développement du capital-risque ne figure qu’en quatrième position des mesures publiques souhaitées par les entreprises, derrière le Crédit Impôt Recherche (cité par 53% des entreprises), le Business Act (cité par 44% des éditeurs), et les programmes européens de R&D (33%). Avec un peu moins de 33%, il devance toutefois la brevetabilité des logiciels (citée par 20% des entreprises).

Côté R&D, le secteur a investi l’an dernier 1,176 milliard d’euros, contre 1,024 milliard d’euros l’année précédente. Les effectifs sont également en nette augmentation et totalisent 106.920 emplois contre 103.380 en 2014. La R&D reste d’ailleurs très largement internalisée, 73% des éditeurs n’envisageant pas de délocaliser cette activité. ils considèrent en effet que l’internalisation de la R&D permet notamment de favoriser la réactivité.

La région Île-de-France regroupe comme en 2014 83% du chiffre d’affaires Edition, 88% de l’effectif total et 82% des effectifs R&D. Elle est toujours suivie par la région Auvergne-Rhône-Alpes qui totalise 9% du chiffre d’affaires Edition (8% en 2014), 6% de l’effectif total (5% en 2014) et 9% des effectifs R&D. A elles deux, ces régions pèsent 91% du chiffre d’affaires Edition.

Et en 2016 ? Le basculement vers le cloud et le SaaS se poursuit. Ainsi, 64% des éditeurs estiment que cette tendance continuera à influencer grandement le marché cette année, porté également par les applications de mobilité (61%) et le Big Data (33%). Côté chiffre d’affaires, 42% des éditeurs du Top 100 tablent sur une croissance située entre 5% et 15%. Celle-ci devrait se refléter sur les effectifs (pour 66% des éditeurs), le développement de projets de R&D (63%) et le déploiement des activités à l’international (60%).