Beaucoup de changements dans cette édition 2015 du Quadrant magique des systèmes intégrés. Le reflet des bouleversements du marché.

Gartner vient de publier son très attendu Quadrant magique pour les systèmes intégrés. Un terme générique sous lequel Gartner regroupe trois classes distinctes de systèmes intégrés : les piles intégrées (Integrated stack systems ou ISS), les infrastructures convergées (Integrated infrastructure systems ou IIS) et les systèmes hyperconvergés (Hyperconverged integrated systems ou HCIS).

En simplifiant, les infrastructures convergées sont basées sur des architectures où les ressources serveur, stockage et réseau sont des matériels existants vendus séparément (serveurs blades, baies NAS…), intégrés et paramétrés en usine. Les plus connues sont les Vblock (EMC-VCE), les ConvergedSystem (HP) et les PureFlex (Lenovo). Les piles intégrées embarquent en plus des applications (IBM PureApplication System, Oracle Exadata Database Machine, Teradata…).

Les systèmes hyperconvergés représentent la nouvelle génération de cette famille de produits. Ils utilisent le stockage attaché des serveurs, ce qui permet de se dispenser des traditionnels (et onéreux) SAN. Les ressources serveur, stockage et réseau sont plus intimement liées (le plus souvent en rack) et plus standardisées. L’accent est souvent mis sur la couche logicielle qui pilote ces ressources, certains allant même jusqu’à faire complètement abstraction du matériel (on parle alors d’approche « bring your own hardware »). Les systèmes hyperconvergés sont poussés essentiellement par des startups, telles Gridstore, Nimboxx, Nutanix, Pivot3, Scale Computing ou SimpliVity.

Un marché de 8,7 milliards de dollars

Gartner évalue le marché des systèmes intégrés à 8,7 milliards de dollars en 2014. Un marché en croissance de 30,4% par rapport à 2013 et qui représente approximativement 10% des dépenses totales de serveurs, contrôleurs de stockage et équipements réseau pour datacenters. Encore émergent, le segment des systèmes hyperconvergés ne pèse encore que 5% de ce marché mais il est extrêmement dynamique : Gartner estime qu’il atteindra 35% des revenus des systèmes intégrés en 2019.

En conséquence de quoi, les acteurs traditionnels des infrastructures ne devraient plus rester longtemps à l’écart du phénomène. C’est déjà le cas de VMware qui a développé sa propre architecture Evo:Rail et de Cisco, qui multiplie les partenariats (avec SimpliVity, StorMagic, ScaleIO, Maxta…), pour faire de ses racks UCS, une plateforme de référence pour les fournisseurs de systèmes hyperconvergés.

Nutanix, acteur le plus évolué en termes de complétude de vision

La montée en puissance des systèmes hyperconvergés s’illustre concrètement par l’entrée de Nutanix dans la catégorie des leaders de ce Quadrant 2015, alors qu’il était cantonné à la catégorie des visionnaires dans l’édition 2014. Au passage, Gartner fait de Nutanix l’acteur le plus avancé du marché en termes de vision devant les grands fournisseurs de systèmes convergés, y compris VCE – même s’il ne les égale pas en capacité d’exécution.

Magic quadrant for integrated systems

Magic quadrant for integrated systems

« Nutanix a gagné en crédibilité en parvenant à établir une présence mondiale – l’international représente désormais 30% des revenus – et à construire une base installée qui lui assure des revenus significatifs en upgrades et un potentiel d’expansion », écrit Gartner. « La sortie de sa plateforme Xtreme Computing constituée d’Acropolis, un hyperviseur maison, et de Prism, une solution de gestion d’infrastructures, en fait un fournisseur de solutions d’infrastructures à part entière », ajoute-t-il.

Simplivity reste lui dans la catégorie des visionnaires mais progresse fortement en capacité d’exécution, se retrouvant ainsi aux portes du quadrant des leaders. « Simplivity a su améliorer sa proposition de valeur en adressant un éventail toujours plus large de cas d’usage critiques, explique en substance Gartner. Une approche qui lui ouvre de plus en plus de portes dans les grands comptes alors que sa croissance était jusque-là essentiellement fondée sur les PME ».

Un quadrant des leaders qui s’étoffe

Mais l’accession de Nutanix à la catégorie des leaders est loin d’être la seule évolution marquante de ce Quadrant. Ainsi, alors que la catégorie des leaders ne comprenait que trois acteurs l’année dernière (VCE, Cisco-Netapp et Oracle), elle en compte six cette année, avec l’entrée de HP (qui évoluait parmi les visionnaires en 2014) et la prise en compte de Cisco et Netapp comme deux acteurs à part entière.

« HP a entrepris au cours de l’année écoulée d’enrichir son portefeuille déjà étoffé de solutions afin de répondre aux nouvelles demandes du marché en termes de performance et de capacité », écrit Gartner. « Même s’il a tardé à saisir les opportunités des systèmes intégrés, HP s’est enfin décidé à remédier à son manque d’efficacité commerciale et marketing tout en améliorant la facilité d’utilisation de sa console d’administration d’infrastructures unifiée OneView », complète-t-il.

On notera également les relégations dans les acteurs de niche d’IBM, suite à la vente de son activité x86 à Lenovo ; de Dell, victime de « l’incohérence » de son positionnement ; et de Teradata, qui tire encore l’essentiel de sa valeur ajoutée du hardware alors que celui-ci tend à se banaliser. De son côté, Lenovo, qui bénéficie donc de l’héritage x86 d’IBM – et notamment de son partenariat avec SAP – et du renforcement de ses liens avec EMC, entre directement dans la catégorie des challengers et Fujitsu passe de celle des acteurs de niche à celle des challengers, grâce au « rassemblement de son portefolio sous une terminologie unique » et à la « clarification de sa stratégie ».

De plus en plus d’acteurs et de technologies en présence

Des évolutions illustratives de celles du marché, dont Gartner souligne qu’il a « subi d’importants changements au cours des douze derniers mois – à la fois en termes de nombre de fournisseurs que de typologies d’architectures proposées ». « Les lignes de démarcation entre les systèmes intégrés et les autres typologies d’infrastructures pour datacenters sont devenus encore plus imprécise avec l’avènement des solutions de « stockage défini par logiciel » et l’entrée en lice des fournisseurs de solutions « software-only » promoteurs de l’approche « Bring your own hardware » – tels Atlantis Computing.

Premier en capacité d’exécution dans le quadrant des leaders, Cisco est crédité par Gartner de sa « forte présence dans les datacenters à travers l’architecture Vblock ». Mais, souligne Gartner, son développement ultérieur pourrait être freiné faute de « disposer de solutions de stockage natives ».

EMC, désormais considéré comme un acteur à part entière depuis qu’il est monté à 90% du capital de VCE fin 2014, apparaît clairement comme le leader du marché avec la position la plus équilibrée entre capacité d’exécution et vision. Il devance Oracle, HP et Netapp. Gartner salue les positions bien établies de VCE et de ses Vblocks et sa profondeur de gamme (avec plusieurs architectures de référence et plateformes disponibles). Mais Gartner relève toutefois que ses solutions VSPEX Blue – une implémentation d’EVO:Rail – affichent des coûts moyens et des temps de configuration-déploiement élevés comparés aux solutions HCIS concurrentes.