En 1998, Jean-Luc Fallou quittait la présidence d’Arthur D.Little France pour prendre la tête du cabinet conseil en stratégie Stratorg avec la volonté de remettre l’homme au coeur de l’entreprise. Une tâche désormais dévolue à un logiciel d’analyse sémantique.

Channelnews : Qu’est-ce que Stratorg en quelques mots ?

Jean-Luc Fallou : Stratorg est un cabinet de conseil qui a 35 ans d’âge. Nous travaillons pour des présidents, des directeurs généraux dans les domaines de la stratégie et de l’organisation afin de les aider dans les choix complexes concernant le destin de leur entreprise. Ou va-t-on ? Comment y va-t-on ? Avec comme particularité la volonté de mettre l’homme au centre. L’économie est au service de l’homme et pas le contraire. Il faut pour cela relancer la confiance au sein de l’entreprise.

C’est pourquoi nous avons développé des outils digitaux de management et monté un club qui s’appelle le Trust Management Institute. Il réfléchit aux conditions sociologiques de la confiance. La confiance ne va plus de soi. Or la confiance est un avantage compétitif durable. Il faut laisser l’homme gérer la complexité avec son autonomie.

Vous évoquiez des outils digitaux….

Jean-Luc Fallou : Nous avons, avec notre partenaire Succeed Together, développé Digital Trust, un logiciel basé sur l’analyse sémantique destiné à mesurer la confiance dans l’entreprise. Les collaborateurs répondent en langage naturel. Nous extrayons ensuite ce qu’il y a d’essentiel dans leurs propos. Nous sommes ainsi capables de faire réfléchir toute l’entreprise en une seule fois, puis de donner une idée de ce qu’est la confiance dans cette entreprise en un temps record. Nous n’avons plus besoin de consultants derrière.

Votre logiciel tue le métier de consultant

Jean-Luc Fallou : On ne supprime pas la réflexion, le conseil mais on n’a plus besoin de consultants pour mener l’enquête, pour animer des réunions. Ce n’est peut-être pas bon pour l’emploi des consultants que l’on ramène à leur rôle, en revanche on oblige les managers à réfléchir sur leurs responsabilités. Et on réduit beaucoup le temps des missions.

Cet outil est uniquement à usage interne ?

Jean-Luc Fallou : Nous envisageons de le franchiser à l’étranger dans les pays limitrophes. Il représente 10 ans de travail sur la confiance et 10 ans de développement de la connaissance sur ce qu’est un projet. Il embarque toute l’expérience accumulée. Nous avons développé l’outil en 2014. Nous l’avons testé cette année auprès de quelques entreprises dont une banque de grande taille ainsi qu’auprès du secteur aéronautique. Ce dernier a un grand nombre de sous-traitants. Les relations entre eux et avec les donneurs d’ordre ne sont pas fluides, elles sont un peu mécaniques. On fait travailler tous ces gens sur leurs rapports de confiance afin d’atteindre un progrès collectif.

Pour 2016 nous avons des commandes de clients qui réfléchissent à cela. L’idée plaît mais exige certains bouleversements. Les entreprises ont l’habitude de demander beaucoup aux consultants. Elles ont la sensation de maîtriser la situation. Or l’avenir ne peut pas se décider sans les gens. Beaucoup d’entreprises n’ont pas compris cela. Les relations alors se dégradent. Face aux difficultés économiques les gens ont besoin de maîtriser leur destin. Les règles ne doivent plus venir de l’extérieur, sinon cela frotte. Aujourd’hui chacun participe à la transformation grâce à des outils digitaux.