Suite au rachat de Pentasonic, nous avons demandé à Jérôme Faucher, PDG de Scriba de nous en dire plus sur Scriba et les raisons qui l’on conduit à réaliser cette opération.

Channelnews : Scriba, la société que vous dirigez, s’est illustrée cette semaine en rachetant l’intégrateur nantais Pentasonic. Avec ses 40 collaborateurs et ses 10 M€ de chiffre d’affaires annuel, il s’agit incontestablement d’une belle belle prise pour Scriba. Mais cette opération est surtout l’occasion de braquer les projecteurs sur Scriba qui, malgré ses 120 salariés et ses 28 M€ de revenus reste une société discrète, voire méconnue. Pourriez-vous nous rappeler quels sont les métiers exercés par Scriba ?

Jérôme Faucher : Notre métier initial était le négoce. Il réprésente toujours 70% de l’activité. Puis nous avons créé le pôle ingénierie, qui accompagne les clients sur leurs projets d’infrastructures. Dans les années 2000, nous avons créé une cellule développement Web et nous avons commencé à développer les services d’infogérance et de support. Un métier qui a pris de l’ampleur à partir de 2008 avec l’arrivée du Cloud et des services managés. Aujourd’hui, les services récurrents représentent 44% de l’activité services, qui pèse elle-même 30% de l’activité.

Channelnews : Scriba a 31 ans. Quelles sont les ressorts ou facteurs différenciants qui ont selon vous favorisé cette longévité ?

Jérôme Faucher : Je dirais notre capacité faire évoluer nos métiers, notre capacité à industrialiser notre offre et notre proximité géographique avec les clients. Notre stratégie affirmée est de faire évoluer nos métiers en fonction de la demande du marché tout en capitalisant sur les métiers historiques de l’entreprise. Dans notre secteur, il faut savoir éviter l’écueuil de la résistance au changement tout en faisant attention de ne pas être trop en avance. Le Cloud est un bon exemple. Nous avons été parmi les premiers à nous intéresser à l’offre cloud de Microsoft en 2008. Grâce à ce partenariat nous avons pu évoluer et franchir des étapes. Aujourd’hui, nous sommes CSP first tier (plus haut niveau de partenariat sur l’offre cloud de Microsoft) et les services à l’usage ont pris une place significative dans notre activité. Mais l’une des clés de notre réussite sur Office 365 a été notre capacité à nous écarter du sur-mesure pour privilégier une approche plus industrialisée. Nous avons fait en sorte de simplifier le travail de nos commerciaux et techniciens en proposant une offre et une mise en œuvre identique pour tous. Quant à la proximité géographique, elle est incarnée par nos agences de Bordeaux, Toulouse, Niort, Aix-en-Provence, Lyon, Paris et Vannes. L’acquisition de Pentasonic découle entre autres de cette volonté de continuer à être proches de nos clients.

Channelnews : Quelle est la taille de ces agences et celles-ci portent-elles des expertises particulières ?

Jérôme Faucher : Excepté celle de Vannes, qui est récente et qui n’est constituée que d’une seule personne, nos agences sont animées par de véritables équipes. la plus petite compte sept personnes et Paris, la plus importante après Mérignac, en compte une trentaine. Chacune dispose de forces commerciales et de forces de production (ingénieurs et techniciens) en charge des projets. Les avant-ventes, le centre de services et l’équipe de développement Web sont regroupés au siège à Mérignac.

Channelnews : Quels sont vos principaux partenaires ?

Jérôme Faucher : Microsoft, HP/HPE, Dell, Veeam, VMware, Datacore…

Channelnews : Pourquoi avoir racheté Pentasonic et quelles complémentarités voyez-vous entre vos deux activités ?

Jérôme Faucher : Depuis le MBO de 2014, à l’occasion duquel Didier Comet et moi avons pris 49% des parts et la Société Générale Capital Partenaires 16%, nous étions en quête d’une acquisition. Nous avons travaillé sur beaucoup de dossiers, correspondant à des cibles en général plus petites que Pentasonic, sélectionnées pour leur complémentarité géographique et pluguées sur notre schéma. Mais il y avait toujours quelque-chose qui n’allait pas. Les vendeurs se considèrent souvent plus attractifs qu’ils ne le sont réellement. Pentasonic correspond à un coup de cœur. La société répondait à tous nos critères. Tout s’est passé et continue de se passer en bonne intelligence avec les vendeurs Gaël Brisson et Louis Guyenot. Ils recherchaient des acheteurs ayant les mêmes valeurs humaines et qui avaient à cœur de poursuivre le développement de la société. Il est prévu qu’ils nous accompagnent au moins six mois.

Pentasonic est pas mal présent dans des comptes publics et l’Education, d’où nous sommes totalement absents, avec un savoir-faire et des solutions spécifiques à ces clients. Nous allons décortiquer cette expertise et faire en sorte de la faire passer dans les offres et les équipes Scriba. À l’inverse, Scriba envisage d’apporter à Pentasonic, plutôt tournée vers le sur-mesure à destination d’une clientèle d’entreprises intermédiaires, sa capacité à industrialiser et à séduire une clientèle de plus petites entreprises.

Channelnews : Vous avez annoncé vouloir préserver l’autonomie de Pentasonic. Pourquoi ? Qu’entendez-vous par là ?

Jérôme Faucher : Pentasonic a une vraie image dans la région [Pays de la Loire, ndlr]. On souhaite faire perdurer cette image mais en faisant en sorte qu’on puisse l’identifier au groupe Scriba. On a l’intention de garder la structure juridique telle quelle. La société a ses outils propres, ses process, son centre de service et de support. C’est beaucoup plus qu’une agence. C’est un petit Scriba régional. Nous n’avons pas la volonté de casser tout ça. Nous allons prendre le temps de se connaître et de développer des synergies.

Channelnews : Pentasonic est associé du groupe Resadia. Pensez-vous rester dans ce groupe?

Jérôme Faucher : On va voir ce qu’il s’y passe. Pour l’instant l’étiquette Resadia reste. Scriba a fait partie du groupement Euralliance’s dans les années 90. Son ambition de se développer à l’échelle nationale l’en a éloigné.

Channelnews : Quelles sont vos perspectives pour 2017 ? Pensez-vous réaliser d’autres opérations de croissance externe ?

Jérôme Faucher : Dans l’immédiat, on va travailler sur l’implémentation de cette nouvelle structure et sur la mise en place des synergies. En 2017, on va continuer à développer nos offres. On s’apprête à lancer une campagne autour de notre offre de poste en abonnement « My hybrid pack« . Il n’est pas exclu que nous lancions l’offre hyperconvergée Hypersonic de Pentasonic à l’échelle nationale.